L'insécurité alimentaire au Canada constitue un grave problème sur le plan social et de la santé publique, indique une nouvelle étude ayant découvert qu'un ménage canadien sur huit n'avait pas accès à de la nourriture saine, nutritive et en quantité suffisante en 2011.

Selon l'étude, 3,9 millions de Canadiens ont été touchés et les 330 000 ménages les plus vulnérables en matière d'alimentation craignaient de manquer de nourriture avant d'avoir les moyens d'en acheter d'autre.

Valerie Tarasuk, professeure à l'Université de Toronto, est l'auteure principale de cette étude publiée mardi.

Elle a affirmé que les probabilités qu'un ménage subisse de l'insécurité alimentaire augmentent à mesure que le revenu baisse.

À l'échelle nationale, le nombre de citoyens risquant de vivre de l'insécurité alimentaire est en hausse, a ajouté Mme Tarasuk, précisant que le phénomène avait affecté 450 000 Canadiens de plus en 2011 comparativement à 2008.

La chercheuse a admis qu'elle avait été surprise par cette augmentation. Elle a révélé que Terre-Neuve-et-Labrador était la seule province où l'insécurité alimentaire diminuait et a attribué ce déclin à la stratégie de lutte contre la pauvreté lancée par le gouvernement provincial en 2006.

D'après Valerie Tarasuk, plus de 15 pour cent des ménages terre-neuviens souffraient d'insécurité alimentaire en 2007 contre 10,6 pour cent en 2011, soit le taux le plus bas au pays.

L'étude montre que les taux d'insécurité d'alimentaire des provinces et territoires en 2011 égalaient ou dépassaient les taux annuels enregistrés depuis 2005.

Le Nunavut arrivait en tête ayant un taux alarmant de 36,4 pour cent. Il était suivi par les provinces des Maritimes, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest, où plus de 15 pour cent des ménages vivaient de l'insécurité alimentaire. Au Québec et en Ontario, ce taux s'établissait respectivement à 12,5 et à 11,9 pour cent.

Mme Tarasuk a souligné qu'au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard, un enfant sur quatre appartenait à une famille qui a de la difficulté à se procurer de la nourriture.

Elle a prévenu que l'insécurité alimentaire finirait par avoir de graves conséquences sur le système de santé puisque les bambins qui en souffrent sont plus susceptibles de développer des problèmes de santé en atteignant l'adolescence ou l'âge adulte.

L'une des découvertes les plus choquantes de l'étude, a poursuivi la professeure, c'est que sur l'ensemble des ménages canadiens touchés par l'insécurité alimentaire, près d'un million tiraient leur revenu d'un emploi.

«Cela veut dire que les choses que nous faisons pour soutenir les gens qui travaillent ne sont pas efficaces», a-t-elle commenté.

En 2012, l'envoyé spécial des Nations unies pour le droit à la nourriture a visité le Canada et déclaré qu'il était extrêmement inquiet au sujet de la capacité des citoyens dépendant de l'aide sociale à maintenir un régime alimentaire sain.

Il a également exhorté le gouvernement fédéral à adopter une stratégie alimentaire nationale qui permettrait de revoir les subventions accordées aux gens du Nord pour la nourriture et d'encourager la production locale.