Un important ministre du gouvernement fédéral a chaleureusement remercié le député libéral Marc Garneau d'avoir contribué à permettre d'exposer le bras spatial canadien dans un musée national -seulement trois semaines avant que M. Garneau ne soit pas invité au dévoilement officiel.

La lettre du ministre de l'Industrie Christian Paradis, datée du 10 avril, ne tarissait pas d'éloges à l'endroit des efforts de M. Garneau pour persuader les responsables d'installer le «Canadarm» au Musée de l'Aviation à Ottawa. La missive, écrite en français et adressée à «Marc», a aussi été transmise à James Moore, qui occupait alors les fonctions de ministre du Patrimoine canadien et de responsable du musée.

Trois semaines plus tard, le 2 mai, M. Moore a pris la parole lors d'un événement grandiose où était exposé le bras spatial à la vue de journalistes et de 62 invités spéciaux.

Mais M. Garneau, le premier Canadien à aller dans l'espace, et une voix importante dans la concrétisation de l'exposition, n'était pas du nombre.

Sur son compte Twitter, M. Garneau avait admis qu'il aurait apprécié recevoir une invitation du gouvernement pour assister à l'exposition, avant d'accuser les conservateurs de «partisanerie de bas étage».

Alors que l'oubli faisait les manchettes de divers médias, James Moore s'est levé à la Chambre des communes, cet après-midi-là, et a rejeté les interpellations des députés libéraux au sujet de l'incident.

«Les députés d'en face peuvent être obsédés par leur caucus, et peut-être serons-nous obsédés par l'histoire canadienne», avait-il déclaré.

Six mois plus tôt, le 22 novembre, M. Moore avait lui-même écrit à Marc Garneau pour le remercier d'une lettre - adressée à «James» presque quatre mois plus tôt - le pressant d'exposer le bras canadien au musée.

Les lettres et autres documents liés à l'incident ont été obtenus en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Le jour de l'oubli, une porte-parole de M. Moore avait indiqué que le Musée - et non le ministre - était responsable de la liste d'invités, tenant les politiciens à l'écart des fonctionnaires ayant aidé à organiser l'événement.

Toutefois, les lettres et d'autres documents rendus publics auparavant indiquent une étroite surveillance de l'événement médiatique par les bureaux des deux ministres et par le Bureau du conseil privé (BCP), l'organisme central de la fonction publique qui appuie le premier ministre ainsi que le Cabinet et ses structures décisionnelles de façon impartiale.

Pendant plus de trois mois, des responsables des bureaux des ministres et du BCP ont examiné tous les documents de planification et les communiqués de presse en vue du dévoilement du 2 mai.

M. Garneau a reçu des excuses par téléphone, quelques jours plus tard, d'une responsable du musée, qui a accepté le blâme pour cet «oubli». Selon M. Garneau, la femme «a porté l'odieux».

«Je crois que mon statut à titre de député libéral y est pour quelque chose, compte tenu de la nature très partisane du gouvernement conservateur actuel», a affirmé M. Garneau. Quatre anciens astronautes canadiens faisaient partie de la liste des invités, mais n'ont pas assisté à l'événement.

Des dizaines de courriels de citoyens ordinaires à M. Moore, également obtenus en vertu de la Loi d'accès à l'information, affichent un mépris similaire - et universel - du comportement du gouvernement, même de partisans du Parti conservateur.

«Peu importe qui a préparé la liste d'invités, VOUS auriez dû avoir le courage et la considération de vous assurer que Marc Garneau soit là», a écrit une personne, le soir de l'oubli.

Ce sentiment était palpable dans un autre courriel.

«Vous n'étiez peut-être pas responsable de la liste d'invités, mais vous êtes responsable du ministère, et la responsabilité retombe sur vos épaules.»

Un autre a critiqué le comportement de M. Moore aux Communes, notant qu'il «aurait pu de façon diligente exprimer ses regrets que le député Marc Garneau n'ait pas été invité à l'événement, plutôt que de tenter de diminuer l'importance de l'oubli».

«Marc Garneau mérite des excuses, et pas seulement de se faire envoyer promener», a écrit un citoyen.

«Je ne crois pas une seule seconde que les conservateurs portés sur le contrôle n'ont pas eu leur mot à dire dans la liste d'invités», a renchéri un autre.

Un citoyen qui se décrit comme un «grand partisan conservateur» a dit de l'incident qu'il s'agissait d'une «humiliation».

«Vous avez engendré un manque de respect à l'endroit de mon parti conservateur et de mon pays, avec votre comportement partisan», a déploré un autre citoyen.

Les adjectifs et phrases utilisés dans la soixantaine de courriels étaient tous négatifs : enfantin, bassement partisan, moche, sans classe et petit, disgrâce absolue, malveillant et mesquin, peu gracieux, déplaisant, ignorant, comportement miteux, attitude rustre, puéril, manque de courtoisie grossière.