Le «laisser-aller» et la «faible culture de salubrité des aliments» de l'abattoir albertain XL Foods et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) ont contribué au plus important rappel de viande de l'histoire du Canada, conclut un rapport indépendant rendu public mercredi.

Le rapport relève une «série de réponses inadéquates» de l'entreprise albertaine et de l'agence fédérale chargée de la surveiller au cours de la crise.

Le branle-bas a débuté après des dépistages qui ont révélé la trace de la bactérie E. coli dans des pièces de boeuf provenant de l'établissement de Brooks, en Alberta. L'éclosion a rendu 18 personnes malades au Canada.

Les trois experts mandatés par le gouvernement Harper au terme de la crise concluent que le rappel aurait pu être évité.

XL Foods ne suivait pas son propre plan de salubrité des aliments, notent-ils. L'appareil de pasteurisation des carcasses de boeuf était défectueux, un problème qui a échappé aux dizaines d'inspecteurs de l'ACIA qui travaillent tous les jours sur place.

Une fois la bactérie découverte, XL Foods a mis six jours à fournir à l'ACIA de l'information sur la distribution et l'identification de ses produits. Dans l'intervalle, elle a continué à expédier de la viande contaminée.

«En somme, le Comité a constaté une faible culture de salubrité des aliments à l'établissement de Brooks, à la fois du côté des gestionnaires, de l'établissement et du personnel de l'ACIA», indique le rapport.

L'entreprise, qui était la propriété des frères Brian et Lee Nilsson, est restée pratiquement muette tout au long de la crise. Aucun de ses dirigeants n'a pris la parole en public, ce qui a «beaucoup aggravé le problème», selon les experts.

XL Foods était le plus gros abattoir de propriété canadienne au moment du rappel. L'établissement a depuis été racheté par le géant brésilien JBS.

Les experts formulent une série de recommandations pour resserrer la salubrité dans les abattoirs. Le gouvernement Harper les a acceptées en bloc, mercredi.

Le ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz, a annoncé un investissement de 16 millions d'ici trois ans pour mettre sur pied des «équipes de vérification de l'inspection» chargées de superviser le rendement de l'inspection des aliments dans tous les établissements.

Le ministre Ritz, qui a maintenu tout au long du rappel que le nombre d'inspecteurs de l'ACIA était suffisant, a précisé qu'une trentaine de nouveaux employés seront embauchés pour mettre sur pied ces équipes mobiles.

«Nous ajoutons une couche de rigueur, a résumé le ministre Ritz. C'est quelque chose qui continue d'évoluer, notre système alimentaire n'est pas statique et nous nous ajustons en fonction des recommandations que nous voyons dans ce rapport.»

L'opposition a rappelé que ce même ministre a reçu des recommandations semblables dans la foulée du rappel des produits Maple Leaf, en 2009. Plusieurs lacunes relevées dans le rapport de mercredi se trouvaient dans un rapport rédigé à l'époque.

«Si ces recommandations avaient été suivies, a indiqué le député du Bloc québécois, André Bellavance, le cas d'XL Foods aurait pu être évité.»