Le gouvernement fédéral doit revoir de fond en comble les taxes et les frais qu'il perçoit dans les aéroports, recommande un comité sénatorial, car son approche actuelle est en train de saigner l'industrie canadienne du transport aérien.

Plus de 5 millions de Canadiens traversent la frontière chaque année pour prendre l'avion afin de profiter de tarifs plus bas dans les aéroports américains, constatent les sénateurs dans un rapport publié mercredi. À l'instar d'un rapport du Conference Board, l'an dernier, ils estiment que les taxes jouent un rôle déterminant dans le phénomène.

Le président du comité, le libéral Dennis Dawson, estime c'est toute l'approche du gouvernement fédéral qu'il faut repenser. À ses yeux, Ottawa perçoit le transport aérien comme une source de revenus et non comme un outil de développement économique.

« On a tendance à croire que l'aviation est un luxe, dit-il en entrevue, mais l'aviation est une forme de développement économique pour bien des régions. »

Il cite en exemple un billet Toronto-Orlando, qui coûte 70 dollars plus chers qu'un billet Buffalo-Orlando. Pour une famille de quatre personnes, faire une heure de route jusqu'à l'autre côté de la frontière permet d'économiser une petite fortune.

Les transporteurs comme Air Canada et WestJet ne sont pas les seuls à souffrir de ce phénomène, dit M. Dawson.

« Pour l'industrie canadienne de l'aviation, c'est une perte de revenus et pour le gouvernement canadien, c'est une perte de revenus, dit-il. Le jour où on va avoir aboli ou pris le contrôle de certaines de ces taxes, les gens de Toronto vont avoir pris l'habitude d'aller à Buffalo et ça va être difficile de les faire changer d'idée, peu importe le prix. »

Taxes de ventes, taxe sur les dispositifs de sécurité, loyers versés par les aéroports, « les frais imposés (par le gouvernement) sur cette industrie font en sorte que les tarifs payés par les consommateurs canadiens sont parmi les plus élevés au monde », constate le rapport.

Le comité formule sept recommandations pour rendre le transport aérien plus attrayant pour les consommateurs canadiens. Il propose une stratégie nationale qui serait élaborée par des représentants de l'industrie, du ministère des Transports, et de celui des Finances. C'est ce dernier intervenant qui détient la clé du problème, selon M. Dawson.

« Il faut qu'on brise le cycle de voir l'aviation comme une source de revenus au lieu de la voir comme une source de développement économique, dit M. Dawson. Ce n'est pas le ministre des Transports qui prend cette décision, c'est le ministre des Finances. »

Le coût d'un billet d'avion sera toujours plus élevé dans un pays comme le Canada, où le territoire est immense et où la population est éparpillée, concède le sénateur Dawson. À peine 0,3% des Canadiens sont disséminés sur 39,3% du territoire.

Une approche précise pour le Nord

La stratégie nationale doit tenir compte des besoins spécifiques du Grand Nord canadien, où des régions entières dépendent du transport aérien pour leur subsistance et pour leur développement économique.

Dans ces contrées éloignées, les consommateurs n'ont jamais pu profiter de la libéralisation du marché du transport aérien. Les coûts d'exploitation des transporteurs restent élevés et la clientèle demeure restreinte, faisant en sorte que le prix du transport en avion reste élevé.