Les provinces qui adoptent de nouvelles lois pour lutter contre l'intimidation à l'école optent toutes pour différentes approches lorsqu'elles doivent tracer une ligne entre les abus répétés et les écarts de conduite anecdotiques.

Certains se demandent même, comme c'est le cas au Manitoba, s'il est possible que la législation puisse avoir un effet concret sur le comportement des élèves. Le projet de loi de la province, qui est actuellement à l'étude, n'exige pas des directeurs d'écoles qu'ils appliquent certaines sanctions ou même qu'ils rapportent les actes commis aux parents et aux autorités.

Mais quelle est la définition la plus efficace?

Au Québec, les gestes d'intimidation doivent être des comportements répétés, directs ou indirects, impliquant un déséquilibre en matière de puissance, qui causent de la détresse et «blessent, attristent, oppriment, intimident et ostracisent».

En Ontario, causer - ou «essayer de causer» - du tort physique ou psychologique à un élève est prohibé depuis l'an dernier.

Au Manitoba, le libellé du projet de loi à l'étude est tellement large que même les tentatives uniques de blesser les sentiments d'autrui seraient considérées comme de l'intimidation. La formulation est délibérée, selon la ministre de l'Éducation de la province, Nancy Allan.

Les termes du projet de loi stipulent que «l'intention ou le fait de susciter la peur, l'intimidation, l'humiliation, la détresse ou toute autres forme de torts au corps, aux sentiments, à l'estime de soi, à la réputation ou à la propriété d'autrui» sera considéré comme un comportement intimidant.

Cette définition est jugée trop floue par le Parti progressiste-conservateur de la province.

«Elle est tellement vague (...) qu'elle sera soit inapplicable ou appliquée de manière arbitraire, explique son porte-parole en matière d'Éducation, Kelvin Goertzen. N'importe qui pourra être considéré comme un intimidateur, (...) même les enseignants et les bénévoles.»

Le projet de loi donnerait également aux autorités scolaires le droit de déterminer si des sanctions doivent être appliquées et, le cas échéant, la nature de ces sanctions. Aucune punition spécifique n'est recommandée.

«Nous allons compter sur les professionnels de notre système d'éducation publique afin de prendre la décision au cas par cas, en fonction de la spécificité de l'incident survenu et de ses conséquences», explique Nancy Allan.

Les écoles du Manitoba sont déjà obligées d'avoir un code de conduite exposant les sanctions pouvant être infligées aux intimidateurs, mais encore une fois, les établissements scolaires sont responsables de fixer elles-mêmes la sévérité de ces punitions.

Le progressiste-conservateur Kelvin Goertzen juge que la définition de l'intimidation et l'absence de sanctions obligatoires tel que stipulées dans le projet de loi du gouvernement néo-démocrate en font «l'un des plus faibles en Amérique du Nord».