Des chefs autochtones du Québec dénoncent l'inaction du gouvernement dans le renouvèlement des ententes de 18 services de police, affectant une trentaine de communautés.

Ces ententes arrivent à échéance à la fin du mois de mars. Les leaders affirment qu'ils sont gardés dans l'ignorance quant à la suite des choses et qu'ils ne parviennent même pas à parler au ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, qui est responsable du dossier.

En point de presse à Ottawa mardi, une demi-douzaine d'entre eux ont évoqué la possibilité que ces services soient tout simplement fermés et que la police provinciale prenne le relais - un scénario auquel ils sont opposés.

« C'est très difficile à concevoir. J'aimerais savoir comment le chef Blair réagirait si la police de Toronto était sur le point de fermer le 31 mars... C'est incompréhensible, ça n'a aucun sens et sur le plan administratif, c'est tout simplement stupide », a dénoncé le chef du service de police de la communauté de Kitigan Zibi, Gordon McGregor.

« On a mis plus d'un quart de siècle à se doter de services qui nous appartiennent, que nos autorités sont en mesure de gérer et des services policiers qui sont à l'image de la population pour lesquelles elles existent. Pourquoi on retournerait en arrière? De manière plus importante, pourquoi accepterions-nous qu'une autre juridiction fasse le travail qu'on se devrait de faire? » a lancé Ghislain Picard, le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.

« Il n'y a aucune raison pour que cela arrive ! a renchéri le chef de la communauté de Kitigan Zibi, Gilbert Whiteduck. Le ministre a toutes les informations dont il a besoin, qui démontrent que cela marche. Tout ce qu'il doit faire, c'est de donner son approbation pour le statu quo pour une année supplémentaire et nous allons ensuite nous asseoir et régler cette question. C'est très simple ! Je ne comprends pas pourquoi il n'est pas capable de répondre. »

Les chefs ont souligné que ce n'était pas la première fois qu'une telle situation se produit : la dernière remonte à à peine deux ans, en 2011. Ils demandent au gouvernement de leur redonner un financement pour au moins un an, pour leur donner le temps de s'entendre à plus long terme et éviter que ce genre de situation se reproduise à l'avenir.

Les ententes concernées toucheraient environ 250 policiers autochtones et leur valeur s'élèverait à une trentaine de millions de dollars, selon les détails fournis lors de la conférence de presse.

Interrogé à ce sujet lors de la période de questions lundi, le ministre Toews a semblé ignorer la problématique précise soulevée par ces leaders autochtones. « Je ne sais pas où le député prend ses informations, a-t-il dit. J'ai rencontré des communautés des Premières nations sur cette question précise. »

Les chefs ont répliqué mardi que s'il y avait bel et bien eu des rencontres, ce n'était pas avec eux.

Interrogé à nouveau lors de la période de questions mardi, Vic Toews a déclaré : «Si les services policiers relèvent d'abord et avant tout des compétences provinciales, le gouvernement fédéral a longtemps investi dans les services policiers des Premières nations pour aider à garder les communautés en sécurité».

«Une décision sur le financement sera prise dans un avenir proche à ce sujet. Je peux dire, toutefois, que les dépenses sur les services de police des Premières nations ont augmenté substantiellement sous ce gouvernement, comparativement (au gouvernement libéral) lorsqu'ils étaient au pouvoir.»