Ceux qui souhaitent participer aux audiences publiques sur l'inversion de l'oléoduc d'Enbridge vers Montréal devront se familiariser avec le détail du projet en anglais. L'entreprise albertaine a produit plusieurs documents techniques devant l'Office national de l'énergie pour consultation, et aucun n'est rédigé en français.

Enbridge souhaite inverser le flux de son oléoduc 9B, qui relie Montréal à North Westover, en Ontario, afin d'acheminer vers le Québec du pétrole albertain. Le projet de 100 millions fera l'objet d'une consultation devant l'organisme fédéral au cours des prochains mois.

Même si l'oléoduc traverse plusieurs municipalités québécoises, toutes les études d'impacts environnementaux, cartes et détails techniques que la société a produits à l'Office sont rédigés exclusivement en anglais.

Selon les écologistes, la décision de l'entreprise ne relève pas du hasard.

Une décision stratégique?

«Je suis obligé d'y voir une stratégie pour limiter la participation du public et faciliter l'autorisation du projet, dénonce le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. D'autant plus que les audiences vont se passer en grande partie en été.»

Enbridge se défend de vouloir restreindre la participation citoyenne aux audiences publiques. Son porte-parole, Éric Prud'homme, rappelle que l'entreprise n'a pas l'obligation de soumettre des documents dans les deux langues officielles du Canada lors d'une consultation fédérale.

D'ailleurs, affirme-t-il, cette pratique pourrait entraîner des complications.

«Lorsqu'il y a deux documents qui circulent dans deux langues différentes, au niveau légal il peut y avoir matière à interprétation et il peut y avoir une différence entre les deux», explique-t-il. Enbridge a tenu plusieurs séances d'information au cours des derniers mois, en Ontario et au Québec, pour expliquer son projet aux citoyens et aux autorités locales. L'entreprise proposait alors de l'information en français et en anglais.

L'Office national de l'énergie est «conscient» du fait qu'Enbridge n'a produit des documents techniques qu'en anglais, indique la porte-parole de l'organisme, Whitney Punchak. Elle confirme toutefois qu'aucune loi ne force la société à les traduire.

Discussion possible

«Le fait que l'oléoduc traverse une province francophone et une province anglophone pourrait faire l'objet d'une discussion au cours des audiences», a-t-elle cependant indiqué.

Si le projet est approuvé, l'oléoduc d'Enbridge transportera surtout du pétrole léger albertain vers Montréal, mais il pourra aussi acheminer du bitume dilué extrait des sables bitumineux.

Les écologistes critiquent le fait que les audiences de l'Office ne porteront que sur les impacts potentiels de l'oléoduc 9B et non sur les conséquences environnementales des sables bitumineux.

Coût projeté: 100 millions

Capacité: 300 000 barils par jour

Entrée en service projetée: 2014

Débouchés: raffineries de Montréal (Suncor) et Lévis (Ultramar).