Plus de 48 heures après le drame, l'espoir de retrouver vivants les deux camionneurs emportés mardi par un glissement de terrain dans la carrière Maskimo, à L'Épiphanie, fond au même rythme que la neige.

Après plusieurs tentatives infructueuses de dégager les deux camions, il faut maintenant interrompre les recherches en raison des très forts vents.

Des bourrasques de près de 100 km/h accompagnées dans les dernières heures de très fortes pluies ont forcé le retrait des secouristes, des pompiers de Montréal et de Repentigny ainsi que des membres de la SQ vers 23h mercredi.

Ces conditions rendent trop périlleux le vol de l'hélicoptère de la Sûreté du Québec ainsi que le maniement de l'immense grue installée la nuit dernière en bordure de cette carrière de gravier, a indiqué l'agent Bruno Marier, porte-parole de la police de Repentigny, responsable des opérations.

«Ça ne veut pas dire que rien n'a été fait depuis. Nous avons construit une plateforme pour installer une nouvelle grue de 600 tonnes juste au-dessus de l'éboulis», a expliqué M. Marier. L'installation de cette grue a été rendue nécessaire par l'échec de la tentative avec une autre grue de 250 tonnes installée hier à l'autre bout de la carrière.

Cette grue avait déposé au fond du trou deux petites pelles mécaniques qui, pour se rendre jusqu'au lieu des recherches, auraient dû parcourir à flanc de falaise, sur plusieurs centaines de mètres, un étroit chemin en partie enseveli par le glissement de terrain.

«Les opérateurs nous disaient que ça leur aurait pris trois jours pour parcourir le chemin avec ces machines. Avec la pluie qui est tombée, ils disaient que c'était comme un marécage au fond», a rapporté M. Marier. Les pelles mécaniques ont donc été remontées sans même s'être mises au boulot. Elles attendent maintenant une accalmie près de la nouvelle grue.

M. Marier refuse de jeter l'éponge quant aux chances de survie des disparus, Daniel Brisebois et Marie-Claude Laporte. Surtout quant à cette dernière.

«On ne sait jamais, si sa cabine a résisté, elle pourrait tenir un moment», dit-il.

Quant à Daniel Brisebois, des secouristes ont pu atteindre la cabine de son camion le jour de la tragédie, mais elle était vide. Cela laisse croire qu'il a été éjecté pendant sa terrible descente et qu'il est enseveli sous des milliers de tonnes d'argile et de pierre.

Rappelons que mardi, vers 10h45, les deux camionneurs et l'opérateur de pelle mécanique Benoit Robert s'affairaient à décaper le sol juste au-dessus de la paroi de la carrière. Cette opération consiste à retirer la terre au-dessus du roc en vue de le dynamiter et d'agrandir la carrière.

Ils se trouvaient entre le précipice et l'immense tas où ils déposaient ce qu'ils retiraient.

Le sol argileux aurait cédé sous le poids du tas, glissant vers la falaise et emportant les trois travailleurs dans une chute vertigineuse de près de 100 m. Le camion de Marie-Claude Laporte est introuvable, alors que les deux autres véhicules lourds sont en partie à découvert.

Benoit Robert, par miracle, a pu s'extirper de sa cabine et sauver sa peau avant d'être secouru de façon spectaculaire par l'hélicoptère de la SQ. Il n'a rien pu faire pour les deux autres.