L'ancien numéro 2 de l'Agence du revenu du Canada (ARC) s'est offert des toilettes et une douche lorsqu'il a réaménagé son bureau aux frais des contribuables, en 2007. Les travaux, réalisés par l'entreprise SNC-Lavallin ProFac, ont coûté la rondelette somme de 200 000$, a appris La Presse.

La ministre du Revenu national, Gail Shea, estime cette dépense «inacceptable» de la part d'un haut fonctionnaire.

«La ministre considère ces dépenses déraisonnables et inacceptables. Le ministre à l'époque n'a jamais donné son autorisation pour ces dépenses. Les représentants du gouvernement doivent faire preuve d'un plus haut niveau de retenue avec l'argent des contribuables», a affirmé Clarke Olsen, directeur des communications de Mme Shea, dans un courriel envoyé à La Presse.

Aujourd'hui à la retraite, le haut fonctionnaire en question, William B. Baker, était commissaire adjoint à l'Agence du revenu lorsque les travaux ont été réalisés dans son bureau, au septième étage de l'édifice Connaught, non loin du parlement.

Les travaux comprenaient la construction d'une salle de bains et d'un bureau fermé pour l'adjoint de M. Baker ainsi que l'aménagement d'un poste de travail à aire ouverte pour le chauffeur du ministre. La salle de conférence a en outre été transformée en salle fermée. À l'époque, Carol Skelton était ministre du Revenu national.

M. Baker a travaillé durant 33 ans dans la fonction publique. Il est devenu commissaire adjoint à l'ARC le 23 mai 2006 et commissaire moins d'un an plus tard. En octobre 2009, il a été nommé sous-ministre à la Sécurité publique. Il a pris sa retraite en juillet dernier.

Ces travaux ont été réalisés alors que le gouvernement fédéral accumulait les surplus. Aujourd'hui, le gouvernement Harper tente d'éliminer un déficit de 26 milliards de dollars d'ici deux ans, d'abord en réduisant les dépenses de fonctionnement de l'État, sans augmenter les taxes ou les impôts.

De nombreux travaux

La Presse a obtenu les factures des travaux en question après avoir demandé à chaque ministère la liste des travaux réalisés depuis 10 ans dans les édifices gouvernementaux ainsi que leurs coûts, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Cette enquête a été entreprise après que La Presse eut révélé en octobre 2011 que le ministère de la Défense avait dépensé 375 000$ afin d'aménager en vitesse quelques bureaux pour un sous-ministre adjoint et une poignée d'assistants.

Ces rénovations ont eu lieu en juillet 2010, lorsque le premier ministre Harper a créé le poste de ministre associé de la Défense, responsable de l'achat d'équipements pour les Forces canadiennes.

À l'époque, Julian Fantino était ministre associé de la Défense. Il a été muté en juillet dernier au poste de ministre responsable de l'ACDI.

Questionné au sujet de ces dépenses, son entourage, encore là, a rejeté la faute sur les fonctionnaires: «Surtout au moment où les Canadiens se serrent la ceinture, nous croyons que les employés du gouvernement doivent gérer les fonds publics avec la plus grande prudence», avait-on fait valoir.

La Presse a aussi révélé en mars 2010 que SNC-Lavalin, gestionnaire de la quasi-totalité du parc immobilier du gouvernement fédéral, avait surfacturé son client dans plusieurs projets.

Certaines factures avaient fait sourciller la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, notamment les frais de 1000$ pour l'installation d'une sonnette, de 2000$ pour l'achat de deux plantes vertes et de 5000$ pour l'installation de six luminaires encastrés.

Le contrat de gestion de quelque 320 immeubles fédéraux que détient SNC-Lavalin est évalué à 6 milliards de dollars pour une période de 11 ans. Ce contrat prend fin en 2013, mais il pourrait être renouvelé jusqu'en 2015.

-Avec William Leclerc