Vingt-quatre heures. C'est essentiellement le temps qu'il reste à la famille Reyes-Mendez avant son expulsion pour le Mexique, demain (samedi). La famille de Laval a demandé un sursis jusqu'à la fin de l'année scolaire de leur fils. Seul le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, pourrait le lui accorder. Ce serait, à leurs yeux, un miracle.

Le terme n'est pas anodin ; les Reyes-Mendez sont croyants et s'impliquent beaucoup dans leur paroisse. Trois fois par semaine, ils se rendent à l'église pour chanter et prier. Ce miracle, ils ycroient. C'est donc à contrecoeur qu'ils ont commencé à faire leurs valises, il y a quelques semaines. « Parce que si on a la foi, on n'a pas besoin de faire ça. On a la foi, mais on ne peut pas attendre à la dernière minute non plus, explique Marisol Mendez. »

Il faut donc donner ceci, poster cela, vendre la voiture, etc. Pendant ce temps, Mme Mendez continue de faire du bénévolat à l'église et son mari, Fernando Reyes, de travailler pour ses deux employeurs. En revanche, leur fils Eduardo a cessé de fréquenter son école secondaire la semaine dernière. Le coeur n'y était plus. Leur fille Ingrid, elle, n'a pu commencer le cégep où elle avait pourtant été acceptée, le tarif exigé aux non-résidents canadiens étant trop élevé.

Les Reyes-Mendez ont fui le Mexique il y a près de cinq ans. Fernando Mendez raconte y avoir été victime de trois enlèvements. Il accuse même la police d'en avoir été complice. « Je ne fais pas confiance au gouvernement mexicain », dit-il, désemparé.

À leur arrivée au Québec, en 2008, ils ont demandé l'asile. La réponse de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR) est arrivée en mai dernier : refusé. La Commission est d'avis que les Reyes-Mendez n'ont pas démontré que le risque qu'ils encouraient était différent du risque général auquel la population mexicaine est exposée. En août, la Cour fédérale a refusé d'entendre leur appel.

L'équipe vidéo de La Presse a suivi les Reyes-Mendez durant leurs dernières semaines au Canada.

- avec Frédéric Guiro