Les élèves ontariens feront face à bien des incertitudes quand ils retourneront à l'école, la semaine prochaine: le gouvernement a imposé jeudi des contrats de travail à 126 000 enseignants et travailleurs du secteur de l'éducation publique de la province qui n'avaient pas encore conclu une entente négociée.

La ministre de l'Éducation, Laurel Broten, assure toutefois qu'elle abrogera sous peu la controversée loi 115 qui a permis à son gouvernement d'imposer par décret ces conventions collectives, qui prévoient le gel des salaires et la perte d'avantages sociaux pour la majorité des enseignants touchés.

Les leaders syndicaux représentant les enseignants avaient organisé des grèves éclair d'un jour et diminué l'offre d'activités parascolaires pendant les négociations. Ils ne savent pas, à présent, quel type d'actions ils pourront prendre au cours des prochaines semaines. Seul avertissement: ils assurent que «tout ne reviendra pas à la normale».

Le président de la Fédération des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario, Sam Hammond, estime que le gouvernement a fait un «mauvais usage de son pouvoir» en ayant recours à une loi «sans précédent et autocratique» pour imposer les conventions collectives, puis en abrogeant simplement cette loi une fois les décrets adoptés.

Des groupes de travailleurs s'inquiètent de la tournure qu'ont prise les événements en Ontario, affirme M. Hammond, dont la Fédération est la plus importante au pays. Selon lui, ces groupes s'inquiètent de ce qui se passe en Ontario, et ils se feront encore plus de sang d'encre en apprenant l'imposition de conventions collectives.

«Chaque travailleur de la province devrait s'inquiéter des actions qu'a prises la ministre de l'Éducation aujourd'hui», lance-t-il.

La ministre Broten, elle, explique sa décision par l'escalade des tensions entre le gouvernement et les syndicats d'enseignants, dont les porte-parole ne démontraient pas la volonté de s'engager dans des discussions sérieuses, à son avis. Selon la ministre, la Fédération a quitté la table des négociations après une heure, pour ne jamais plus y revenir.

Les libéraux n'avaient d'autre choix que d'imposer de nouvelles conventions collectives aux enseignants des écoles publiques de l'Ontario, soutient Mme Broten, car la Fédération des enseignants de l'élémentaire et la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l'Ontario n'ont pas réussi à s'entendre avec certains conseils scolaires avant la date limite du 31 décembre.

La ministre de l'Éducation martèle que la loi deviendra chose du passé une fois que les contrats de travail auront été imposés. «La loi 115 a accompli ce qu'elle devait accomplir», assure-t-elle, avant d'ajouter que la décision d'abroger cette loi n'aurait «aucun impact» sur la contestation constitutionnelle lancée par les syndicats. «Le gouvernement continuera de défendre cette loi en cour», a dit Mme Broten.

De leur côté, les leaders syndicaux jurent qu'ils continueront la lutte. «Il est impossible de légiférer sur la bonne volonté, et nous n'imposerons pas la bonne volonté à nos membres», tonne M. Hammond. «Le gouvernement n'effacera pas la tache causée par la loi 115 simplement en l'annulant.»

Mme Broten dit souhaiter mettre un terme aux grèves qui s'enchaînent, tandis que le gouvernement ontarien accuse un déficit de 14,4 milliards $.

Les grèves seront illégales jusqu'à l'expiration des nouvelles conventions collectives, le 31 août 2014.