Le fait de donner des détails sur les négociations qui ont eu lieu en coulisses à propos de billets de banque «fondants» pourrait mettre en danger la sécurité nationale ou les relations internationales, selon la Banque du Canada.

En réponse à une demande formelle de La Presse Canadienne, la Banque du Canada a remis 134 pages de documents internes, presque entièrement caviardés, sur sa réaction aux allégations selon lesquelles les nouveaux billets de polymère fondent au soleil brûlant d'été.

La Banque a commencé à émettre des billets de 100 $ en polymère à la fin de 2011. Ils sont censés être plus difficiles à contrefaire que des billets de papier et durer beaucoup plus longtemps. Elle a depuis émis de nouveaux billets de 50 $ et de 20 $, et les billets de 10 $ et 5 $ suivront cette année.

Des rapports non confirmés sur le fait que les billets fondent ont fait surface en juillet, quand une préposée d'une banque de Kelowna, en Colombie-Britannique, a dit avoir entendu parler de cas de plusieurs billets qui auraient fondu ensemble à l'intérieur d'une voiture. Peu de temps après, une photo de billets de 100 $ prétendument fondus après avoir été placés dans une boîte en métal près d'un calorifère a fait surface en Ontario.

L'été dernier, la Banque a immédiatement nié que ses billets pourraient être altérés de cette façon par la chaleur.

Les documents de la Banque, rendus publics après une demande d'accès à l'information, indiquent que ces reportages ont non seulement suscité l'intérêt des médias mais également donné lieu à une chaîne de courriels de plus d'une semaine entre des responsables de la Banque, dont le responsable de la monnaie, Gerry Gaetz, et Erik Balodis, un conseiller scientifique. La Banque a refusé que Gaetz donne des entrevues.

Dans une réponse par courriel à des questions, le porte-parole de la Banque, Jeremy Harrison, a indiqué que la Banque n'avait rien vu depuis ces allégations qui portent à croire qu'il faudrait modifier son évaluation initiale.

«La Banque s'en tient à ce qu'elle a dit l'été dernier, que les billets de polymère ne peuvent pas être altérés par ce type et ce degré de chaleur comme l'ont suggéré des reportages l'été dernier, et n'a vu aucune preuve laissant croire au contraire», a-t-il écrit. Il ajoute que la Banque a procédé à des test rigoureux en exposant des billets à des températures extrêmes de 140° et -75°C.

Mais la Banque a toutefois refusé de s'étendre sur ses délibérations à l'interne au sujet des billets «cuits», et presque tous les documents qu'elle a remis en vertu de la loi sur l'accès à l'information étaient censurés, sauf pour les titres des courriels.