Le mouvement de protestation autochtone Idle No More gagne le Québec.

Après Saskatoon, Winnipeg, Vancouver et une vingtaine d'autres villes canadiennes, une centaine de Mohawks de Kahnawake ont marché jeudi matin sur la rampe d'accès du pont Mercier pour manifester contre le projet de loi fédérale C-45, ce qui a bloqué la circulation pendant plus d'une heure.

Présenté au début du mois de décembre, le projet de loi omnibus (alias Mammouth 2) inclut des changements notables à la Loi sur les Indiens et à la Loi sur les eaux protégées. Pour les autochtones du Canada, qui se plaignent de ne pas avoir été consultés sur la question, cela équivaut à un immense pas en arrière.

«On se bat pour nos terres et pour nos droits. Il ne faut pas laisser le gouvernement décider de notre avenir avec des lois qui vont contre nos intérêts», lance Jansen Nicholas, jeune Mohawk de 18 ans, interrogé pendant la marche.

«Ce n'est pas seulement la loi C-45, mais une accumulation de frustrations, souligne Madelyn Cross, en brandissant le drapeau violet des cinq nations iroquoiennes. Le gouvernement n'arrête pas de faire des coupes dans l'éducation, les soins médicaux et les territoires autochtones. Il est temps qu'on se regroupe et qu'on dise: c'est assez. Il est temps qu'on dise qu'on est là. Et qu'on est là pour rester.»

Idle No More (idlenomore1.blogspot.ca) est une rare initiative touchant les autochtones d'un océan à l'autre. Né en Saskatchewan, ce mouvement 2.0 s'est propagé à la plupart des villes canadiennes grâce aux médias sociaux. En ce sens, certains le voient comme la version amérindienne du mouvement Occupy.

La grève de la faim entreprise à Ottawa par Theresa Spence, le 11 décembre, a donné encore plus d'élan au mouvement. La chef de la réserve crie d'Attawapiskat (nord de l'Ontario) a cessé de manger pour pousser le gouvernement à respecter davantage les traités autochtones.

Après la marche, les manifestants se sont retrouvés sur le bord de la route 132, autour d'un feu improvisé, pour échanger. Entre les bannières rouges des Warriors et les pancartes anti-Harper, chacun y est allé d'un discours émotif, en faisant référence au combat de Mme Spence et à l'attitude inconsidérée du gouvernement Harper.

«Ce n'est que le début», a dit l'un d'eux. Si Mme Spence est prête à mourir pour la cause, que sommes-nous prêts à faire, nous?»

Les manifestations se poursuivront vendredi à Montréal au square Cabot, de même qu'à Ottawa. Des rassemblements sont aussi prévus à San Francisco, Los Angeles et Londres, en Angleterre.

«Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi gros», a dit Jessica Gordon, Amérindienne de la nation Pasqua, en Saskatchewan, qui a lancé Idle No More il y a un mois avec trois amies. «Ça prouve que notre peuple en a assez des paroles et qu'il a décidé d'agir. Il y en aura d'autres en 2013...»