Une majorité importante et croissante de Québécois juge que les autres automobilistes sont agressifs, mais 98% se considèrent eux-mêmes comme calmes au volant, révèle un sondage obtenu par La Presse.

La courtoisie serait aussi en déficit sur les routes du Québec, puisque seulement deux répondants sur cinq observent cette attitude chez les autres conducteurs. «Il s'agit du résultat le plus bas observé depuis 2008», assure la firme Léger Marketing, qui a réalisé l'étude pour le compte de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ).

A contrario, la proportion de Québécois qui considèrent les conducteurs comme agressifs est en «hausse significative par rapport à l'an dernier».

«Les conducteurs québécois sont perçus comme étant généralement agressifs, une perception d'autant plus marquée cette année!», s'exclame la maison de sondages dans le document.

À la SAAQ, on admet que le sondage fait état de données troublantes qui semblent empirer. «C'est sûr que les comportements agressifs ressortent un peu plus cette année, il faudra voir si cette tendance va s'installer», dit le porte-parole Gino Desrosiers, joint par téléphone.

Piétons et cyclistes critiqués

Le sondage commandé par la SAAQ détaille aussi les comportements qui irritent le plus les utilisateurs de la route.

C'est le piéton qui traverse la rue sans se soucier des automobiles qui teste le plus durement les nerfs des répondants. Quatre sur dix disent être énervés par cela. Les cyclistes qui «ne respectent pas les feux rouges» et les automobilistes qui «collent au derrière» arrivent en deuxième et troisième places dans la liste des sources d'irritation.

Si la SAAQ soutient que la lutte contre la rage au volant est un combat de tous les instants, l'organisation a tout de même réduit l'ampleur de ses campagnes de sensibilisation. «Cette année, on n'a fait que des messages radio», a indiqué M. Desrosiers.

La proportion de répondants qui se souviennent d'avoir entendu une publicité de la SAAQ est d'ailleurs en chute libre par rapport à 2008. «La pénétration des publicités et des slogans [est] encore en baisse», a conclu Léger Marketing, qui ajoute que, cette année, «les Québécois se sentent peu concernés par les publicités de la campagne».

Au total, 1166 répondants de plus de 16 ans ont été interrogés. Une étude probabiliste de la même taille comporterait une marge d'erreur de 2,9%, 19 fois sur 20.

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Un automobiliste indemnisé sans qu'il y ait eu collision

Peut-on avoir un accident de voiture sans qu'un seul centimètre de carrosserie soit froissé?

Le Tribunal administratif du Québec vient d'obliger la Société de l'assurance automobile du Québec à indemniser une victime d'agressivité extrême au volant, qui souffre d'un choc post-traumatique. La SAAQ considérait qu'il n'y avait pas eu d'«accident d'automobile».

La victime est un ancien policier, dont l'identité a été protégée dans la décision. Il a eu maille à partir avec le conducteur d'une bétonnière au comportement inexplicable.

Ce dernier a «fait semblant de foncer sur [lui] en lui barrant le passage» dans un virage. Au cours du procès, la victime a affirmé qu'il avait le «pare-chocs [de la bétonnière] à côté du visage».

Juste avant, le conducteur délinquant avait klaxonné «fort et à répétition» alors que la circulation était arrêtée à un feu rouge, puis avait brûlé ce feu.

Après l'incident, la victime s'est plainte d'insomnie, de cauchemars et de problèmes de concentration. Des professionnels de la santé ont diagnostiqué un choc post-traumatique.

Les juges lui ont reconnu des blessures psychiques de gravité 1, soit la plus faible dans l'échelle d'évaluation.

- Avec William Leclerc