Des documents électroniques détaillant la refonte des services de renseignement de la marine canadienne - rédigés alors que l'espion Jeffrey Delisle était au sommet de ses activités - ont été supprimés d'une base de données de la Défense Nationale.

Deux présentations de type Power Point, qui visaient à expliquer le remaniement des analystes du renseignement sur les côtes est et ouest, ont été déclarées détruites lorsque La Presse Canadienne en a demandé des copies en vertu de la Loi à l'accès à l'information.

Des responsables militaires ont indiqué qu'il s'agissait d'une erreur administrative.

Mais lorsque l'agence de presse a demandé pourquoi les copies électroniques et papier des documents avaient été détruites, et si ceci violait la loi à l'accès sur l'information, la marine a éventuellement changé sa version des faits et a affirmé que certaines copies de la présentation existaient dans les comptes courriels d'officiers en poste à l'étranger.

La confusion sur le traitement des documents a choqué des experts de la défense et du renseignement.

Un expert du droit militaire, le colonel à la retraite Michel Drapeau, a indiqué qu'il y a lieu de se poser des questions dans ce dossier puisqu'il s'agit de questions de sécurité et d'intérêt national.

Les questions sur la suppression de ces documents surviennent alors que la façon dont l'armée traite tous ces documents confidentiels est placée sous les feux de la rampe.

Des dossiers judiciaires du cas Delisle rendus publics la semaine dernière ont indiqué qu'il avait obtenu un accès à des documents secrets même si son attestation de sécurité n'était plus en vigueur et que des évaluations précédentes n'avaient pas détecté les signaux d'alarme dans sa vie personnelle.

Delisle travaillait au centre militaire top secret NCSM Trinity à Halifax, lorsqu'il a été arrêté en janvier dernier pour avoir fourni des documents militaires top secrets à la Russie sur une période de cinq ans. Il a plaidé coupable en octobre.

La suppression des documents électroniques sur des changements au renseignement de la marine en ajoute aux préoccupations soulevées pas le cas Delisle.

Pour Wesley Wark, un expert du renseignement à l'Université de Toronto, de tels documents devraient être manipulés, archivés, et préservés avec soin.

Delisle avait probablement accès aux documents. Ceux-ci comparaient les capacités de renseignement naval du Canada avec celles de ses alliés, expliquait l'attribution des responsabilités sous le nouveau système et le nombre de personnes qui travailleraient dans la nouvelle décision et quelles seraient leurs postes.

M. Ward soutient que les actions de la marine sont d'autant plus sérieuses à la lumière du cas Delisle.

La marine a donné plusieurs explications contradictoires sur la raison pour laquelle le personnel avait d'abord détruit les documents et sur si les personnes concernées avaient l'autorisation pour le faire.