Dans le cadre de la «Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes», les représentantes de plusieurs organisations féministes ont lancé, ce matin, un appel à l'aide au gouvernement Marois pour que la violence faite aux femmes cesse, une fois pour toutes.

Les femmes à travers le Québec ne sont pas à l'abri des coups, a déploré Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec.

Selon la militante, ce fléau est toujours bien enraciné parce que la population ne prend pas la peine d'en discuter. En point de presse, elle a demandé au gouvernement de prendre part à leur lutte.

«On cible les femmes parce qu'on peut. On les cible dans une volonté de les discipliner, de les contrôler socialement. La liberté des femmes n'est pas encore acquise, a indiqué la présidente. Malgré l'ensemble des changements apportés à la société québécoise, l'égalité entre les femmes et les hommes n'est pas encore au rendez-vous.»

Rosa Pires, du Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, abonde dans le même sens. Elle explique que les femmes ont «intériorisé» les discours de la société. C'est la raison pour laquelle un grand nombre d'entre elles n'osent pas dénoncer les gestes commis envers elle. «Elles pensent que l'incident n'est pas suffisamment important. Les victimes ne reconnaissent pas la violence, et ce, même si elles en vivent les conséquences réelles», admet-elle.

Pour briser le tabou, les organisations féministes réunies ce matin ont lancé une campagne de sensibilisation, intitulée Campagne de 12 jours d'actions pour l'élimination de la violence envers les femmes.

Jusqu'au 12 décembre prochain, plus de 80 événements à travers la province sont à prévoir. Pièces de théâtre, conférences et tables rondes, manifestations et poses de rubans blancs: tous les moyens sont bons pour inviter la population à «démasquer et démystifier la violence», a ajouté Alexa Conradi.

Au coeur des revendications des fédérations: assurer l'égalité économique et judiciaire des femmes, responsabiliser les agresseurs, cesser de propager les stéréotypes sexistes et racistes et le retour des programmes d'éducation sexuelle dans les écoles. «Il faut aborder en classe la question des rapports sociaux de sexe et des rapports amoureux égalitaires», a mentionné Mme Conradi.

De plus, la présidente des Femmes autochtones du Québec, Vivian Michel, exige qu'une enquête publique sur les disparitions des femmes autochtones à travers le Canada soit instaurée.

«Nous connaissons bien ce qu'est la violence, parce qu'on dénonce plus de 600  femmes de nos communautés disparues et assassinées. Pourquoi sommes-nous cinq fois plus susceptibles que les femmes non autochtones de mourir de violence?» a lancé Vivian Michel.

La campagne des 12 jours d'actions se terminera le 6 décembre devant le Palais de justice de Montréal. Une commémoration pour les victimes de la tuerie de Polytechnique aura alors lieu.