Un projet d'Hydro-Québec en vue de construire une ligne de transport de 735 kV pour répondre aux besoins de la région métropolitaine sème la colère parmi les résidants de la région de Lanaudière.

À Rawdon, où passerait la ligne, pas moins d'une dizaine de fermes seraient touchées. Aux yeux de leurs propriétaires, ce projet signifie la mort de leur entreprise. «Le tracé indique que les pylônes seraient construits à 80 m de ma ferme. Les tensions parasitaires qu'un pylône engendre vont carrément m'obliger à fermer puisqu'elles affectent directement la santé des animaux. Imaginez ce que cela représente pour moi: je viens tout juste d'investir 1 million et demi dans mon entreprise et, en plus, j'ai de la relève», indique Marcel Beauséjour, producteur laitier.

Les craintes de ces producteurs ne seraient pas sans fondement. Gilles Perreault, ancien producteur de lait, a vendu sa ferme en 1991. Il affirme que les lignes à haute tension en sont directement la cause. «Mes animaux étaient toujours malades en raison des émanations de courant. J'ai dépensé des milliers de dollars pour limiter les impacts, mais rien à faire.»

Pour ces entrepreneurs, peu importe les dédommagements promis par Hydro-Québec, vendre n'est pas une option. «Nos entreprises valent des millions et nous avons tous de la relève. Pas question de céder», affirme Chantal Lapointe, productrice de lait.

À la recherche de solutions

Les citoyens sont conscients des besoins croissants d'énergie et de la nécessité d'une telle ligne, mais ils se demandent si le tracé et le choix de la région de Lanaudière sont les meilleures options. «Est-ce qu'on ne peut pas envisager d'autres solutions, comme de changer le câblage des lignes déjà existantes? Ne pourrait-on pas passer plutôt sur des terres humides où il n'y a pas de maisons?», demande Mme Lapointe.

À Hydro-Québec, on affirme que le tracé de cette ligne, qui partira du poste de Chamouchouane, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour se rendre au bout de l'île de Montréal, à 400 km, a été étudié. Selon les études environnementales et techniques, son déploiement dans Lanaudière serait incontournable, mais une optimisation du tracé est toujours possible. «La ligne sera en fonction en 2017. Nous en sommes encore à l'étape d'avant-projet. On va rencontrer les gens pour trouver un consensus social. Dans 90% des cas, on arrive à s'entendre de gré à gré», souligne Pierre-E. Dupuis, porte-parole d'Hydro-Québec.

Les citoyens accusent toutefois Hydro-Québec d'agir de façon cavalière dans ce dossier et de ne pas prendre en considération les particularités du territoire. «J'ai été averti il y a à peine une semaine, et personne n'a pris la peine de me consulter», affirme Simon Breault, producteur de grandes cultures. M. Dupuis rétorque qu'Hydro-Québec ne peut consulter chacune des parties concernées et qu'elle travaille plutôt avec les représentants de la communauté.

Pour faire valoir leur point de vue, les citoyens comptent continuer de manifester et ont même créé un comité.