De la soixantaine de langues autochtones déclarées lors du recensement en 2011, une poignée seulement, comme les langues cries, l'ojibwé, l'oji-cri et le déné, demeurent fortes et viables.

Selon les données publiées mercredi par Statistique Canada, les langues cries, l'ojibwé et l'inuktitut sont les trois langues qui reviennent le plus souvent dans les déclarations: elles ont été nommées par près des deux tiers des 213 490 personnes qui ont déclaré en 2011 avoir une langue autochtone comme langue maternelle.

Le nombre de locuteurs des langues autochtones a d'ailleurs reculé de 1,7% - soit d'environ 3620 personnes - depuis 2006, a révélé l'agence fédérale.

Les gens qui ont une langue crie comme langue maternelle vivaient pour la plupart au Québec, au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, alors que ceux qui ont l'ojibwé ou l'oji-cri comme langue maternelle résidaient principalement en Ontario et au Manitoba.

Le mohawk figure parmi les langues autochtones en voie de disparition au Canada, en grande partie victimes de l'ancien réseau de pensionnats fédéraux. Plusieurs de ces langues mourront vraisemblablement avec les dernières personnes âgées qui les parlent encore.

Selon Edward Doolittle, le responsable des programmes interdépartementaux de l'Université des Premières Nations du Canada à Regina, il s'agit d'une perte énorme. «Nous ne savons même pas ce que nous perdons», a-t-il estimé.

«Une fois que nous avons perdu une langue, nous avons perdu l'un des piliers de la culture. Nous aurons peut-être de nouveau besoin de tout ce savoir disparu avec nos langues et nos cultures, et peut-être plus vite que nous le croyons.»

D'après le recensement de 2011, les langues cries semblent en bonne santé puisque 83 475 personnes les ont déclarées comme langue maternelle. L'inuktitut est parlé par 34 110 personnes, l'ojinwé par 19 275 personnes et le déné par 11 860 personnes.

Pour de nombreuses autres langues autochtones, le nombre de personnes qui les parlent couramment se mesure en centaines - voire en dizaines, ou même moins. Le mohawk, la langue iroquoise de l'un des groupes les plus emblématiques des Premières Nations, comptait à peine 545 locuteurs en 2011, tous au Québec et en Ontario.

La situation est encore plus préoccupante en Colombie-Britannique, d'où proviennent plus de la moitié des langues autochtones du Canada. Toutes menacées d'extinction, elles ne sont plus parlées que par 1 Autochtone sur 20 dans la province, et la majorité de ces locuteurs sont âgés.

«Plusieurs de ces langues sont vraiment en danger», a affirmé Olga Lovick, professeure adjointe en linguistique à l'Université des Premières Nations. «Une fois que les communautés cessent de les utiliser régulièrement, on ne peut pas faire grand-chose.»