Le Parti libéral du Canada veut profiter du départ de Jean Charest pour se rapprocher des libéraux provinciaux du Québec.

Des stratèges du PLC estiment qu'il s'agit d'une occasion rêvée pour établir des relations plus étroites entre les deux formations politiques. C'est sûrement le bon moment puisqu'elles sont toutes les deux reléguées aux banquettes de l'opposition dans leur capitale respective et que chacune est engagée dans une course à la direction.

À Québec, la nomination de l'ancien ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, cette semaine comme chef intérimaire du Parti libéral du Québec permet aux libéraux fédéraux de miser sur un rapprochement.

En 2009, M. Fournier a en effet été conseiller de l'ancien chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, à Ottawa, pendant près d'un an avant de retourner sur la scène provinciale après une pause de deux ans.

Le choix du prochain chef du PLQ sera évidemment un élément déterminant dans le succès de cette tentative. «Un rapprochement est possible et est souhaitable», a soutenu un stratège du PLC sous le couvert de l'anonymat.

Il est possible parce que les deux partis entrent dans une période de reconstruction, bien qu'elle risque d'être plus longue et difficile du côté du Parti libéral du Canada que du côté des libéraux provinciaux, qui ont obtenu de meilleurs résultats qu'espérés lors des dernières élections au Québec. Les libéraux ont en effet remporté 50 sièges à l'Assemblée nationale, quatre de moins que le Parti québécois qui forme un gouvernement minoritaire. La Coalition avenir Québec a remporté 19 sièges tandis que Québec solidaire en a raflé deux.

«C'est plus facile d'avoir des affinités personnelles quand les deux partis sont dans l'opposition. Quand on est menacé, inévitablement, les gens de la base et de l'intermédiaire ont tendance à ne pas se sentir en conflit. Donc, cela favorise les échanges entre les deux partis et les efforts de reconstruction», a indiqué une autre source libérale.

Après leur défaite à Ottawa en 2006, les libéraux fédéraux ont souffert de la bonne entente qui a régné entre le gouvernement libéral de Jean Charest et Stephen Harper. M. Charest avait été chef du Parti progressiste-conservateur à Ottawa avant de faire le saut en politique provinciale en 1998.

Mais cette bonne entente a pris fin de manière abrupte en décembre 2007, au moment où Stephen Harper a fait une visite hautement médiatisée à Rivière-du-Loup pour rencontrer Mario Dumont.

Lors des élections fédérales de 2008, M. Charest n'avait pas hésité à critiquer certaines des propositions des conservateurs de Stephen Harper, des attaques qui avaient contribué à faire perdre des voix au Parti conservateur au Québec.

M. Charest n'avait toutefois pas soutenu les libéraux fédéraux, dirigés par Stéphane Dion aux élections de 2008 ou et par Michael Ignatieff à celles de 2011.

Par ailleurs, les libéraux fédéraux ne cachent pas leur admiration devant la puissance de la machine électorale du Parti libéral du Québec, qui lui a permis d'encaisser un bon score le 4 septembre malgré les neuf années de pouvoir du gouvernement Charest. Ils voudraient pouvoir en profiter afin de faciliter la reconstruction du PLC au Québec.

«Ils ont démontré encore une fois la force de cette machine électorale», a-t-on fait valoir au PLC.