Omar Khadr pourrait être rapatrié au Canada d'ici la fin de l'année, a confirmé le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, jeudi. Il n'est toutefois pas allé jusqu'à le promettre.

Les avocats d'Omar Khadr accusent le gouvernement Harper de traîner les pieds dans ce dossier et ont intenté, en juillet, un recours en Cour fédérale pour le forcer à agir plus rapidement.

Le dernier ressortissant d'un pays occidental à être toujours derrière les barreaux dans la prison militaire américaine de Guantánamo peut être transféré depuis octobre 2011. L'homme de 25 ans a en effet conclu une entente prévoyant son transfèrement dans une prison canadienne, en échange de la promesse de plaider coupable du meurtre d'un militaire américain, sur un champ de bataille afghan en 2002.

Dans une déclaration sous serment déposée en cour cette semaine, Ottawa a rejeté la responsabilité des retards que lui reproche le clan Khadr sur l'administration Obama. Selon les autorités canadiennes, les États-Unis ont tardé à communiquer la demande de transfèrement (en avril) ainsi que les preuves requises, dont des enregistrements d'évaluations psychiatriques.

«J'ai été mis au courant de ces enregistrements par les médias, a affirmé Vic Toews hier, au cours d'une entrevue à CTV. Je les ai obtenus le 5 septembre. Mon personnel les examine et je vais les examiner bientôt.»

Quant au transfèrement, le ministre a déclaré: « Selon ce que ces enregistrements révéleront, je devrais être en position de prendre une décision sur cette question en temps relativement opportun.»

Invité à préciser ce délai, il a répondu: «Je veux le faire le plus rapidement possible. En général, les délais sont d'environ neuf mois. Donc, si vous comptez à partir d'avril, neuf mois, ça nous mène presque à la fin de l'année... À savoir si je pourrai le faire avant, nous verrons.»

Messages contradictoires

Le gouvernement Harper a envoyé des messages contradictoires sur cette question hier. Une nouvelle publiée sur le site web canadien du Huffington Post a rapporté que M. Khadr pourrait être rapatrié avant l'hiver. Mais le bureau du premier ministre s'est empressé de nier ces informations.

«Le ministre de la Sécurité publique n'a pas encore pris de décision à cet égard. Les informations dans l'article sont donc fausses», a déclaré l'attaché de presse de M. Harper, Carl Vallée, dans un courriel envoyé à La Presse.

Les avocats de M. Khadr étaient alors partagés. «D'un côté, nous sommes heureux qu'il y ait des nouvelles disant que le gouvernement fera ce qu'il a promis de faire. D'un autre côté, ça ne devrait vraiment, vraiment pas être reporté encore une fois. Ça a déjà beaucoup trop tardé», a lancé John Norris.

Selon Me Norris, les arguments avancés par Ottawa dans sa déclaration sous serment ne sont «qu'un écran de fumée».

«Il est vrai qu'il y a eu des délais du côté américain. Mais ce n'est pas une raison pour retarder le processus canadien. Pas du tout», a-t-il déclaré.

L'avocat a dit espérer que la Cour fédérale entende la cause de son client d'ici le mois de novembre. «En même temps, a-t-il noté, tout ça pourrait se terminer si le ministre prenait une décision. C'est ce que nous espérons. Nous n'avons aucun désir d'aller en cour et de dépenser du temps et des ressources pour cela.»