Un historien spécialisé dans le monde du travail, Mark Leier, a une perspective particulière, en cette fin de semaine de la Fête du Travail, sur le discours antisyndical et la perspective d'une économie canadienne si les syndicats n'existaient plus.

Ce professeur de l'Université Simon-Fraser, à Vancouver, se rappelle avoir parcouru les archives du Globe and Mail alors qu'il effectuait des recherches sur les attitudes envers les syndicats. Selon lui, certains commentaires négatifs entendus aujourd'hui sont des copies exactes d'opinions émises il y a plus de 100 ans.

Des données de Statistique Canada laissent entendre que le mouvement syndical est en baisse depuis 30 ans. Et bien que cette tendance se soit stabilisée au cours des dernières années, les syndicats survivent, mais ne sont pas en croissance, en plus d'être très fortement présents dans le secteur public.

Un peu moins de 30 pour cent des travailleurs du pays étaient syndiqués en 2011, soit 4,3 millions de personnes. Il s'agit d'une petite augmentation par rapport à 2010.

C'est toutefois le secteur public qui domine, et ce comprenant les fonctionnaires, les sociétés de la Couronne, les écoles et les hôpitaux. Plus de 71 pour cent de la sphère publique est syndiquée, tandis que dans le secteur privé, ce taux a plutôt chuté à 16 pour cent.

Karla Thorpe, qui gère les recherches en relations industrielles pour le Conference Board du Canada, affirme que le taux de syndicalisation de la main-d'oeuvre masque une tendance distincte, soit le déclin de la syndicalisation dans le secteur privé.

En raison des conditions financières difficiles pour les gouvernements du pays, Mme Thorpe estime par ailleurs que les syndicats du secteur public ne poursuivront par leur croissance. Elle s'attend plutôt à la tendance inverse pour les prochaines années.

Mme Thorpe laisse même entendre la venue d'un environnement de travail sans syndicat.

Des défenseurs des droits syndicaux soutiennent plutôt que si certains gains sont intégrés dans le tissu économique - heures de travail, protection des droits de la personne, santé et sécurité -, d'autres perdent du terrain.

Les salaires, par exemple, ont eu peine à suivre l'inflation.

Le Congrès du travail du Canada a compilé des données chiffrées qui, affirme-t-on, démontrent un «avantage syndical» qui représente des gains supplémentaires totaux de plus de 500 000 $ pour les syndiqués par rapport aux non-syndiqués.

Public Response, un groupe de relations publiques de gauche et pro-syndical d'Ottawa a mené un sondage en ligne le mois dernier qui a permis de découvrir qu'une importante majorité de répondants croyait que les syndicats «font un bon travail pour préserver les emplois de leurs membres». Les avis étaient cependant beaucoup plus partagés quant à savoir si «les gains effectués par les syndicats pour leurs membres profitaient également aux autres Canadiens».