Les leaders autochtones du pays ont opté pour la continuité: ils ont réélu hier Shawn Atleo à titre de chef national de l'Assemblée des Premières Nations (APN).

L'homme de 45 ans, originaire de la Colombie-Britannique, a été réélu avec 66,6% des voix au terme d'un troisième tour de scrutin. Au total, 341 chefs de communauté sur 512 ont voté pour lui. M. Atleo dirigera la plus grande organisation autochtone du pays pendant trois autres années.

Seule candidate québécoise en lice, Ellen Gabriel, de Kanesatake, a été exclue au terme du deuxième tour. Ancienne présidente de l'Association des femmes autochtones du Québec, Mme Gabriel s'est fait connaître comme porte-parole lors de la crise d'Oka, en 1990.

«Nous serons unis, et nous mettrons enfin un terme au colonialisme. Nous rejetterons toute tentative gouvernementale de nier ou de faire disparaître nos droits», a dit M. Atleo après sa réélection, devant une salle de congrès remplie de chefs autochtones.

Les six semaines de campagne électorale ont été marquées par la question des relations avec le gouvernement fédéral. Les sept adversaires de Shawn Atleo l'ont tour à tour accusé d'être trop complaisant avec le gouvernement conservateur de Stephen Harper et peu combatif dans la défense des droits ancestraux.

La plus proche adversaire d'Atleo, l'avocate micmaque Pamela Palmater (qui a récolté 141 voix), a même qualifié d'«assemblée d'assimilation» l'APN du chef sortant.

«Beaucoup souhaiteraient qu'il y ait un peu plus de mordant de notre part à l'endroit du gouvernement fédéral», a résumé hier le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec, Ghislain Picard, joint à Toronto.

M. Picard a cité en exemple la rencontre de la Couronne et des premières nations, en janvier. L'APN de Shawn Atleo et Ottawa ont établi un plan d'action pour améliorer le système d'éducation dans les communautés. Plusieurs chefs ont refusé d'y participer, car ils déploraient un manque d'actions concrètes.

«La démarche qui a été proposée par l'actuel chef national a été critiquée par la grande majorité des candidats en lice», a indiqué Ghislain Picard, qui estime que la nouvelle administration devra avoir «un peu plus de fermeté dans son discours».

Ressources naturelles

Outre les relations avec Ottawa, la question de l'exploitation des ressources naturelles a également été au coeur des enjeux électoraux.

Les membres des Premières Nations sont concernés par plusieurs grands projets qui touchent à leurs terres ancestrales. Les candidats en lice ont promis de se battre pour obtenir une juste part des profits afin d'aider à résoudre les problèmes sociaux qui touchent plusieurs communautés.

Le Plan Nord, au Québec, la construction du Northern Gateway, un pipeline qui doit acheminer le pétrole de l'Alberta en Colombie-Britannique, l'exploitation des gisements de potassium en Saskatchewan et des sables bitumineux en Alberta ont notamment été abordés.

«La question des ressources naturelles est une réalité pour beaucoup de régions dans le pays. Il faudra insister pour que l'APN, sous la prochaine administration, accorde un peu plus d'importance à ces aspects-là», a indiqué Ghislain Picard.