Les six plongeurs de la Sûreté du Québec (SQ) sont particulièrement occupés ces jours-ci. Les noyades sont si nombreuses dans les lacs et les rivières qu'ils ont à peine le temps de terminer une mission avant de se mettre en route vers une autre tragédie.

L'équipe ultraspécialisée a déjà fait une trentaine de sorties cette année. Mardi, par exemple, ils étaient quatre dans les eaux de la rivière Richelieu à la recherche du corps de Julia Latour. «Comme il y a beaucoup d'algues et de roche au fond, on n'a pas pu utiliser le sonar. Il a fallu plonger», a expliqué le sergent par intérim Alain Cyr, qui dirigeait l'équipe. À peine une heure après avoir sorti le corps de l'eau, après deux journées de recherches, il a dû écourter l'entrevue pour se mettre en route vers Bécancour, où un homme de 25 ans avait sombré dans le fleuve.

Le travail des plongeurs est difficile. Chaque fois que ses collègues et lui arrivent sur un plan d'eau, de nouvelles conditions de recherche les attendent: courant, fonds marins, clarté de l'eau, etc.

Dans 70% des cas, lorsqu'ils sont appelés, c'est pour retrouver un corps. Ils font aussi de la recherche de preuves ou d'armes à feu. «Avec le temps, on arrive à se détacher, dit Alain Cyr. Mais les familles comptent sur nous pour faire leur deuil. Le pire scénario, c'est qu'on ne retrouve jamais le corps.»

L'accompagnement des familles fait d'ailleurs partie intégrante du travail des plongeurs. Il faut les tenir au courant pendant toute la durée des recherches, les soutenir, les emmener à l'écart pour une étape particulièrement déchirante: l'identification du corps de la victime. «Chaque jour, nous leurs expliquons ce que nous avons fait et où nous en sommes, indique M. Cyr. Lorsque nous retrouvons le corps, ils ont souvent des questions très précises. Ils veulent par exemple savoir quelle position il avait et où il était exactement.»

L'annonce officielle du décès est-elle difficile? «Habituellement, les gens savent que leur proche est mort dès qu'on entre en scène. Ils veulent juste qu'on le retrouve pour passer à autre chose», répond le policier.

M. Cyr, qui plonge depuis 12 ans pour la SQ, confirme une chose qu'on ne répétera jamais assez: le port de la veste de sauvetage éviterait bien des tragédies. «Même si elles tombaient à l'eau, on pourrait repérer les victimes tout de suite et les sauver à temps, ou du moins, les retrouver rapidement si les choses tournent mal.»

- Avec la collaboration de Vincent Larouche