Dans cette petite ville de l'Ontario qui compte un peu plus de 11 000 âmes, on se demande pourquoi il a fallu près de 100 heures de travail, réparties sur quatre jours, aux équipes de secours pour découvrir les corps des deux femmes emprisonnées dans les décombres de l'Algo Centre Mall, dont le toit s'est effondré samedi.

Les corps de Lucie Aylwin, 37 ans, et de Doloris Perizzolo, septuagénaire, ont été retrouvés hier. À la suite de l'effondrement du toit, les résidants d'Elliot Lake ont cru que les personnes coincées dans les décombres seraient rapidement secourues.

Des dizaines de personnes, dont des amis et membres des familles des deux femmes, qui tenaient une vigile sur les lieux du drame espérant un dénouement positif, ont été les premiers à apprendre l'horrible nouvelle.

Une autre question reste sur toutes les lèvres: si la machinerie lourde provenant de Toronto était arrivée plus rapidement, aurait-on pu sauver les deux femmes? Trois agents de l'OPP, la police provinciale de l'Ontario, dont le commissaire Chris Lewis, un chef de service d'incendie et le maire d'Elliot Lake Rick Hamilton n'ont pu répondre à cette question. «Parfois, faire du mieux qu'on peut, ce n'est pas suffisant», a affirmé Chris Lewis.

Lorsque le toit s'est effondré, des dalles de béton pesant plusieurs centaines de kilos ont cédé, ainsi que des escaliers mécaniques, rendant instable toute la structure du complexe. À un tel point que des ingénieurs en structure ont affirmé que le bâtiment pouvait s'effondrer à tout moment.

Retrouver les deux femmes est alors devenu une tâche complexe, qui s'est échelonnée sur quatre jours et qui a nécessité une armée de travailleurs dévoués.

L'équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd (RSMUEL) a commencé son travail samedi soir. Il a d'abord été nécessaire de déterminer approximativement où se trouvaient les deux femmes, et si d'autres personnes pouvaient aussi être prisonnières des décombres.

Dimanche, le travail a été ralenti par une forte pluie et par les préoccupations soulevées à propos de la stabilité de la structure.

Bras robotisé

Les efforts se sont poursuivis lundi, alors que l'équipe de secours a progressé lentement vers l'endroit où l'on croyait trouver les deux femmes. Lorsque l'escalier roulant et ses tonnes de métal se sont effondrés, l'équipe RSMUEL était à moins de trois mètres des victimes.

Devant le danger d'effondrement du bâtiment, l'équipe a dû se résoudre à utiliser un gigantesque bras robotisé pour l'aider dans ses recherches.

Le bras mécanique, pesant plus de 90 tonnes, a été transporté de Toronto à Elliot Lake à bord de trois camions. Propriété de Priestly Demolition, le bras robotisé - qui serait le plus gros du genre en Ontario - a été livré sur les lieux tôt mardi matin.

L'objectif était de positionner le bras au-dessus du trou créé par l'effondrement du toit, ce qui s'est avéré impossible.

Bill Neadles, de l'équipe RSMUEL, a alors décidé de démolir une partie du centre commercial. Dans la nuit de mardi à mercredi, l'opération s'est concentrée sur une section de 10 mètres sur 25 mètres, après qu'il fut déterminé qu'aucune victime ne s'y trouvait.

C'est dans cette section, près d'un mur, que les corps des deux femmes ont été retrouvés, a précisé Bill Neadles.

Gary Gendron, l'amoureux de Lucie Aylwin, l'une des deux victimes, a passé les trois jours suivant l'effondrement à donner des entrevues et à parler de la femme qu'il avait rencontrée trois ans plus tôt et avec qui il était fiancé depuis environ un an. Après avoir appris que le corps de sa compagne avait été retrouvé, il n'a plus accordé d'entrevue.

Le centre commercial Algo, qui était au coeur de la communauté d'Elliot Lake, dans le nord de l'Ontario, et qui employait environ 300 personnes, n'était pas en très bon état, selon les résidants du secteur. «Nous nous plaignions tous», a affirmé Anne Wrethan, à propos de la structure vieillissante du bâtiment. «Tout le monde y allait. C'est tout ce que nous avions.»

Selon Antoine-René Fabris, l'avocat qui représente Robert Nazarian, propriétaire du centre commercial, celui-ci a reçu un avis de recours juridique.

Photo PC

À la suite de l'effondrement du toit, les résidants d'Elliot Lake ont cru que les personnes coincées dans les décombres seraient rapidement secourues.