La construction d'un nouveau pont entre Windsor et Détroit profitera largement aux entreprises québécoises, estime le ministre des Transports, Denis Lebel.

Environ 20 % des véhicules lourds qui transitent sur le pont actuel, le pont Ambassador, transportent de la marchandise venant du Québec, a indiqué M. Lebel dans une entrevue accordée à La Presse.

Construit en 1929,le pont Ambassador est le pont le plus achalandé du continent. Le quart de tous les échanges commerciaux entre le Canada et les Etats-Unis passe sur ce lien entre les deux pays.

Des dizaines de milliers de véhicules (de travailleurs, de touristes et de camionneurs) franchissent le pont Ambassador chaque jour. Il s'y transporte plus de 300 millions de dollars en marchandises quotidiennement. Une grande partie de ces marchandises sont en fait des pièces nécessaires à l'industrie automobile, bien présente dans le sud de l'Ontario et au Michigan.

Mais les embouteillages fréquents nuisent à la libre circulation des biens et des personnes. D'où la décision du gouvernement Harper d'aller de l'avant avec ce projet ambitieux, même si l'État du Michigan, qui est littéralement sans le sou, n'a pu financer sa part.

Le premier ministre Stephen Harper, le ministre Lebel, le ministre des Affaires étrangères John Baid de même que le premier ministre de l'Ontario Dalton McGuinty ont confirmé l'entente visant à construire cette nouvelle infrastructure en compagnie du secrétaire américain aux Transports, Ray LaHood et du gouverneur de l'État du Michigan, Rick Snyder.

En entrevue, M. Lebel a affirmé que le corridor Windsor-Détroit est un couloir économique primordial pour le Canada et les Etats-Unis.

« Cela fait 15 ans que l'on travaille sur ce dossier. C'est un travail de longue haleine. C'est un corridor est très important pour le Canada. C'est aussi important pour le Québec car 20 % du trafic de ce corridor vient du Québec. Les gens d'affaires du Québec me parlent souvent de l'importance de ce pont quand je les rencontre »,  a dit M. Lebel.

« La construction de ce pont, en plus de réduire considérablement les embouteillages, entraînera des retombées économiques importantes pour le pays », a ajouté le ministre Lebel, soulignant que le projet se réalisera selon la formule d'un partenariat public-privé (PPP)

Le nouveau pont devrait coûter en tout environ 4 milliards de dollars, un investissement qui comprend également la construction des routes menant à la nouvelle structure des deux côtés de la frontière et des postes de douanes. Ottawa et le gouvernement de l'Ontario se partageront également les coûts de construction de la route reliant l'autoroute 401 jusqu'au nouveau pont (1,4 milliard de dollars).

Pour faire avancer le dossier, le gouvernement fédéral a accepté d'avancer 550 millions à l'éventuelle compagnie qui obtiendra le contrat de la construction de la route du côté américain étant donné que l'État du Michigan ne pouvait payer sa part. Le gouvernement canadien sera éventuellement remboursé par l'entreprise américaine à même les recettes des postes de péage installé sur le corridor.

Rappelons que le propriétaire du pont Ambassador, l'homme d'affaires de Detroit Manuel Moroun, a mené une âpre lutte contre la construction d'une infrastructure publique. Il a proposé de d'ériger un nouveau pont à côté de la structure actuelle, mais ce projet aurait toutefois été rejeté par les autorités canadiennes.

Le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, a salué cette annonce, affirmant que une nouvelle voie est d'une importance capitale pour la compétitivité économique du Canada.

«Comme près de la moitié de tous les échanges entre le Canada et les Etats-Unis se font par la frontière entre le Michigan et l'Ontario, cette région est au coeur de nos relations commerciales bilatérales. Le nouveau pont se faisait attendre depuis longtemps », a indiqué M. Beatty.

Avec La Presse Canadienne