C'est aux États-Unis que les restaurants McDonald's du Canada achètent tout leur porc - soit 5,4 millions de kilogrammes de bacon et de saucisses, en 2011. Alors que les producteurs de porc du Québec vivent une crise sans précédent, la chaîne privilégie les cochons américains afin «d'offrir le meilleur rapport qualité-prix», a déclaré à La Presse Louis Payette, directeur national des relations avec les médias de McDonald's du Canada.

«Nous nous approvisionnons en produits alimentaires majoritairement auprès de fournisseurs canadiens, a-t-il assuré. Mais en raison d'économies d'échelle, nous achetons nos produits du porc aux mêmes fournisseurs que McDonald's des États-Unis.»

Tim Hortons achète aussi des produits du porc aux États-Unis, mais pas exclusivement. L'entreprise ontarienne s'en procure également au Canada (dont le Québec). «Malheureusement, je ne peux pas faire de commentaires sur les quantités», a indiqué Alexandra Cygal, directrice des affaires publiques de Tim Hortons.

Les Rôtisseries St-Hubert font exception: toutes leurs côtes levées (le seul produit porcin qu'elles servent) proviennent de la Belle Province. «Nous en vendons près de 600 000 kg par année», a souligné Josée Vaillancourt, conseillère en communications de St-Hubert.

»Les producteurs n'en peuvent plus»

L'achat de porc américain contrarie David Boissonneault, président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec. «Au premier trimestre de 2012, les importations de porc ont augmenté de 25% au Canada, a-t-il indiqué. On ne veut pas pointer des entreprises en particulier, parce que c'est un phénomène étendu, mais ça nous inquiète. «

Le Québec compte 3560 producteurs de porcs, 20% de moins qu'en 2000. Seulement entre 2010 et 2011, 240 producteurs ont cessé leurs activités, si bien que 200 000 porcs en moins sont allés à l'abattoir. Depuis six ans, les problèmes s'accumulent dans ce secteur: des maladies fragilisent les troupeaux, le prix du grain bondit, tandis que la vigueur du dollar canadien nuit aux exportations.

«Les producteurs de porcs n'en peuvent plus», a écrit Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles, dans la dernière édition de l'hebdomadaire La Terre de chez nous.

Moins de 20% des 671 fermes porcines jugées admissibles à la Stratégie de soutien à l'adaptation des entreprises agricoles du ministère de l'Agriculture (MAPAQ) ont reçu une réponse favorable, en date du 31 mars, selon M. Groleau. «Le point de non-retour est presque atteint, après il sera trop tard», a-t-il souligné.