Un groupe environnemental opposé aux sables bitumineux qui a fait l'objet de critiques pour ses liens financiers «avec l'étranger» affirme que l'industrie canadienne de l'énergie laisse en retour bien peu de ses bénéfices au pays.

ForestEthics Advocacy affirme dans un rapport publié jeudi que près des trois quarts de l'industrie des sables bitumineux sont détenus par des intérêts étrangers.

ForestEthics Advocacy a récemment laissé tomber son statut d'organisme caritatif après des allégations voulant qu'il utilise des fonds américains pour financer des activités politiques au Canada.

Le rapport, basé sur des données de Bloomberg et de Statistique Canada, révèle que plus de 40 pour cent des profits des industries canadiennes du pétrole et du gaz naturel vont à des sociétés étrangères - soit plus du double de la moyenne de tous les secteurs de l'économie canadienne.

Aux yeux de la porte-parole de ForestEthics, Tzeporah Berman, il est important de s'interroger sur l'héritage qui sera laissé par cette industrie aux générations futures.

Pour Andrew Leach, un économiste de l'Université de l'Alberta spécialisé en énergie, il n'est toutefois pas surprenant que des multinationales dominent le secteur des sables bitumineux, une industrie qui nécessite d'énormes capitaux et beaucoup de patience de la part des investisseurs.

Selon lui, seules les multinationales ont, historiquement, disposé d'un portefeuille suffisamment diversifié et volumineux pour prendre le risque d'investir dans les sables bitumineux.

Au dire de Mme Berman, ForestEthics ne suggère pas que les investissements étrangers sont mauvais en soi, mais seulement que ses principaux bénéficiaires devraient être des Canadiens. Elle a souligné l'exemple norvégien, où le gouvernement a créé l'un des plus importants fonds souverains du monde en recueillant les redevances dans le secteur énergétique.

Le Canada, selon elle, doit agir dans ce sens pour s'assurer qu'une bonne partie des profits de l'industrie de l'énergie demeurent au Canada, afin de rendre l'économie moins dépendante des combustibles fossiles. «Aujourd'hui, nous ne faisons rien de cela», a-t-elle dit.

Le rapport de ForestEthics souligne également qu'une très faible partie du pétrole des sables bitumineux demeure au pays pour renforcer la sécurité énergétique nationale, bien que l'industrie ait récemment agi pour expédier davantage de ses produits dans l'est canadien.

Le document cite également des données de Statistique Canada pour suggérer que l'importance des sables bitumineux dans le marché de l'emploi est exagérée. Selon le rapport, seulement 0,8 pour cent des emplois canadiens sont directement reliés au secteur de l'énergie.

«On nous demande d'accepter d'énormes risques, on nous demande d'accepter d'énormes coûts, et on nous dit que nous devrions à toutes fins pratiques la fermer et acquiescer», a lancé Mme Berman. «L'argument que nous essayons de préciser est que nous devons mieux déterminer quels sont les intérêts du Canada.»