Le futur gouvernement régional de la Baie-James pourrait ne pas rester longtemps paritaire entre Jamésiens et Cris. Une clause dans les négociations ferait en sorte que la composition de ce gouvernement serait réévaluée dans 10 ans en fonction de l'évolution démographique de la région, a appris La Presse.

Cela inquiète plusieurs Jamésiens, dont ceux de la localité de Radisson. Selon nos informations, Radisson a envoyé une nouvelle demande au ministère des Affaires municipales pour obtenir le statut de municipalité et une certaine autonomie.

L'appui des Cris est crucial pour la réussite du Plan Nord. Ils avaient des munitions juridiques pour contester entre autres la loi sur le développement de la région de la Baie-James ou le nouveau régime forestier. Mais ils ont accepté de les abandonner pour trouver une solution négociée.

En mai dernier, le gouvernement Charest a conclu une entente-cadre avec le Grand Conseil des Cris pour la gestion du territoire de la Baie-James. Les terres publiques - qui composent environ 70% de ce territoire et ne comprennent pas les réserves - seront gérées par une nouvelle structure de gouvernance. Elle sera composée par un nombre égal de Cris et de Jamésiens. Cela les force à régler ensemble les problèmes en amont au lieu de s'affronter. Cette initiative a été bien accueillie par les deux parties. Elles espèrent conclure une entente d'ici à la fin du mois de mai.

Mais durant les négociations, une nouvelle clause a été introduite. La composition du futur gouvernement pourrait être revue tous les 10 ans, en fonction de l'évolution démographique. Les Jamésiens craignent de perdre le contrôle du Nord. C'est entre autres pour cette raison que Radisson a de nouveau demandé d'obtenir le statut de municipalité. Cette demande a déjà été rejetée en 2002 et en 2005. Et elle risque de subir encore le même sort. Le chef du Grand Conseil des Cris, Matthew Coon Come, s'y oppose fortement. Dans une lettre envoyée le mois dernier au chef des Cris de Chisasibi, M. Coon Come a qualifié la demande de «surprenante et dérangeante» (traduction libre). Il souhaite que, dans le nouveau gouvernement régional, la majorité des membres cris, plutôt que la majorité simple, soit nécessaire pour changer le statut d'une localité.

Le Grand Conseil des Cris et la localité de Radisson n'ont pas voulu commenter nos informations. Lors de l'étude des crédits du ministère des Affaires autochtones, le député péquiste Luc Ferland s'est inquiété que le ministre Geoffrey Kelley ne puisse pas garantir que la population sera consultée au sujet de l'entente finale. Elle sera «informée», a seulement promis le ministre.

Son collègue péquiste Alexandre Cloutier s'est demandé aussi quelle sera la langue officielle du futur gouvernement, et ce qui adviendra des conférences régionales des élus actuellement en place. Ces questions ont irrité le ministre, qui a répété qu'il ne pouvait pas présumer du contenu de l'entente finale, puisque les négociations se poursuivent. Pour cette même raison, son cabinet n'a pas voulu commenter nos informations jeudi.