Le «tangage intempestif» qui a entraîné des blessures à 16 passagers et membres d'équipage d'un vol d'Air Canada, en janvier 2011, a été causé par une manoeuvre inappropriée du copilote de l'appareil, qui émergeait à peine du sommeil après une «prise de repos» trop longue.

C'est ce que révèle un rapport rendu public lundi par le Bureau de la sécurité des transports (BST), qui estime que «cet événement souligne la difficulté de gérer la fatigue dans le poste de pilotage».

Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2011, le copilote du vol d'Air Canada entre Toronto et Zurich, en Suisse, se réveille en entendant le commandant de bord qui signale sa position au centre de contrôle. Le commandant dit à son copilote qu'un autre avion se rapproche, en lui signalant deux fois qu'il se trouve 1000 pieds (305 m) plus bas.

Le copilote juge alors mal la position de cet appareil, croyant qu'il vient vers lui. Il réagit en faisant plonger son avion de 400 pieds (120 m), avant que le commandant ne reprenne les commandes et fasse remonter le Boeing de 800 pieds (240 m), pour finalement le stabiliser à son altitude d'origine.

Ce violent tangage a duré 46 secondes. Dans l'avion, des passagers, dont plusieurs étaient endormis, ont été «propulsés contre le mobilier de la cabine et les accoudoirs». Au total, 14 passagers et 2 membres d'équipage ont été blessés. Sept d'entre eux devront être hospitalisés à leur arrivée en Suisse, avant d'obtenir leur congé peu après.

Selon le BST, qui a interrogé plusieurs pilotes, «les équipages n'ont pas une compréhension totale des risques associés à la fatigue et des règles propres à la prise de repos aux commandes».

Cette «prise de repos» est une procédure courante en vigueur chez 16 compagnies aériennes internationales, qui permet aux pilotes de faire un somme, avec l'accord du commandant de bord, pour combattre la fatigue.

Ce repos doit toutefois respecter des paramètres précis. Il ne doit d'abord pas dépasser 40 minutes pour éviter que le dormeur ne tombe en état de sommeil profond. Et à moins d'une situation d'urgence, un pilote ne devrait pas avoir à exercer un jugement ou à prendre les commandes de l'avion dans les 15 minutes suivant son réveil.

Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2011, sur le vol Toronto-Zurich d'Air Canada, le copilote dormait depuis 75 minutes, et a commis sa manoeuvre malhabile quelques minutes à peine après son réveil.

«Depuis cet événement, la compagnie et l'association des pilotes ont mis en place des mesures pour sensibiliser les équipages aux processus de repos aux commandes et pour améliorer la compréhension des niveaux de fatigue auxquels font face les équipages qui effectuent des vols de nuit entre l'Amérique du Nord et l'Europe.»