La vague de chaleur de la dernière semaine aura finalement effacé tous les records. La température atteinte hier en fin d'après-midi a été la plus chaude jamais observée en mars à Montréal.

«La valeur officielle, 25,8 bat l'ancien record de 25,6 du 28 mars 1945 de peu mais c'est battu!» a indiqué ce matin André Cantin, météorologue à Environnement Canada.

Quand on lui demande de qualifier la température des derniers jours, M. Cantin hésite entre «exceptionnel» et «sans précédent».

«On bat des records qui datent de plusieurs années, on les bat de beaucoup et plusieurs jours de suite», dit-il.

Il arrive qu'une vague de chaleur dure cinq ou six jours l'été, mais pas au mois de mars, dit-il.

La masse d'air chaud enveloppe la portion sud du Québec, de la Baie-James à la Gaspésie. Elle est centrée sur les États de l'Illinois et de l'Indiana et elle a fait tomber des milliers de records, du Manitoba jusque dans le Maine. Le service national de météo des États-Unis affirme que cette vague de chaleur est «historique et sans précédent».

Chicago n'avait jamais connu plus de deux journées à plus de 80 ºF (26,7 ºC) en mars. Il y en a eu six cette semaine. La température du lac Michigan bat elle aussi des records.

Le météorologue américain Jeff Masters estime que les températures observées au cours des derniers jours autour du lac Michigan sont de l'ordre de celles qu'on devrait voir seulement une fois aux 5000 ans (aux 4779 ans pour être précis).

Le record de tous les temps pour une journée de mars à Chicago tient bon, cependant: 88 ºF (31 ºC), le 29 mars 1986.

Que se passe-t-il? «Il y a un blocage atmosphérique, dit M.Cantin. Les systèmes se déplacent du sud vers le nord constamment, sans le mouvement d'ouest en est qu'on a habituellement. C'est ce qui a permis cet apport continu d'air chaud en provenance du golfe du Mexique.»

Smog estival



Et, dit-il, il est également exceptionnel de vivre un épisode de smog «estival» en mars, comme cette semaine. Les poumons des résidants de la région de Montréal ont généralement un répit entre le smog «hivernal» et le smog «estival».

Le smog hivernal se produit quand la fumée du chauffage au bois et les autres polluants se retrouvent emprisonnés dans la basse atmosphère. Le smog estival survient quand la chaleur transforme les polluants en provenance des véhicules et de l'industrie en ozone, gaz irritant. Même si on a vu fleurir les premiers crocus au cours des derniers jours, il faut s'attendre au retour du gel, dit M.Cantin.

«C'est certain que ça va regeler, dit-il. La normale la nuit est de -5 ºC. À partir de la semaine prochaine, on revient à la normale avec plus de yo-yo dans les températures. Et le risque de neige demeure jusqu'à la mi-avril. Mais d'ici une dizaine de jours, on n'entrevoit pas de chute de neige importante.»