Le NPD accuse les autres partis d'être responsables de la situation «anormale» du français au sein d'entreprises de juridiction fédérale comme la Banque Nationale.

Au cours d'un point de presse devant les bureaux montréalais de l'institution financière, les députés Robert Aubin et Alexandre Boulerice ont fustigé les conservateurs, les libéraux et les bloquistes, qui ont voté contre le projet de loi néo-démocrate visant à forcer les entreprises de juridiction fédérale à assurer le droit des employés à travailler en français.

Le Bloc québécois a précisé qu'il ne pouvait appuyer un projet allant moins loin que sa propre proposition, alors que le ministre conservateur Christian Paradis prépare de son côté un comité pour étudier la question du français au travail.

Le NPD qualifie ce comité «d'opération de balayage de poussière sous le tapis».

«Quand on souhaite aider les travailleurs francophones, on doit laisser tomber la partisanerie», a déclaré Alexandre Boulerice.

L'endroit du point de presse n'avait pas été choisi au hasard.

La Presse révélait en novembre que l'anglais est devenu la principale langue de travail d'un grand nombre d'employés à la Banque Nationale, en particulier dans le secteur des technologies de l'information (TI). Ce changement irrite plusieurs employés.

Depuis 2007, le premier vice-président des TI de la banque est l'anglophone unilingue John B. Cieslak. L'institution a abandonné en 2009 la clause exigeant que son fournisseur externe, IBM, fournisse des services en français.

«On l'a su par les médias, entre autres à la Banque Nationale, mais aussi dans plein d'autres entreprises, particulièrement dans les secteurs de pointe comme les technologies de l'informatique, il y a de plus en plus de travail et de réunion qui se font en anglais, et ce n'est pas tout à fait normal que les choses se passent ainsi au Québec», affirme M. Boulerice.

Le député affirme que son parti a reçu certaines plaintes de citoyens à cet effet.

«Nous allons continuer à marteler que les travailleurs et travailleuses en sol québécois ont le droit d'avoir des relations de travail en français, des relations avec leur employeur en français et des contrats de travail en français», a-t-il assuré.

Les conservateurs ont vite réagi aux propos du NPD.

«La vitalité de la langue française est importante pour le gouvernement Harper. C'est pourquoi nous chargerons un comité pour se pencher sur la situation du français dans les entreprises privées de juridiction fédérale. La composition et le mandat du comité seront dévoilés au terme d'une démarche sérieuse et réfléchie», a expliqué Alexandra Fortier, porte-parole du ministre Christian Paradis.

La Banque nationale, de son côté, a tenu à préciser que la situation du français n'a jamais été aussi problématique que certains le disent.

«Nous avons rencontré l'Office de la langue française, la Société Saint-Jean-Baptiste et le Mouvement Montréal Français, et nous avons tous convenu que la situation du français à la Banque n'était pas celle décrite dans les médias. Nous appliquons les dispositions de la Charte de la langue française depuis 30 ans, et nous n'avons pas eu besoin d'une loi pour le faire», a déclaré Claude Breton, vice-président de l'institution.