La crise du logement n'est pas chose du passé, prévient le Front d'action population en réaménagement urbain (FRAPRU). Alors qu'une pénurie de logements fait toujours rage dans plusieurs régions du Québec, près de 300 personnes sont descendues dans la rue pour demander au gouvernement Charest d'investir davantage dans le logement social.

François Saillant appréhende le dépôt du prochain budget provincial. Le porte-parole du FRAPRU craint que les sommes octroyées au logement social ne soient pas plus élevées que l'an dernier. «Le budget de l'année passée nous a fait reculer en réduisant de 70 millions de $ les investissements pour le logement social, ce qui a fait passer de 3000 à 2000 le nombre de nouveaux logements sociaux, dénonce François Saillant. On veut que le gouvernement réclame le tort qui a été causé.»

Selon le FRAPRU, 260 000 ménages locataires ont des besoins pressants en matière de logement, dont 156 000 dans la région métropolitaine de Montréal. L'organisme réclame le financement de 50 000 unités de logements sociaux sur une période de cinq ans. «Mon logement social me permet d'éviter de me retrouver dans la rue, affirme Yannick-S. Mondion, un locataire d'Hochelaga-Maisonneuve qui réclame que plus de gens aient accès à un logement comme le sien. Je suis en démarche pour retourner à l'école. Ça me permet aussi de me reprendre en main.»

Réunis devant les bureaux montréalais du premier ministre du Québec, Jean Charest, les manifestants ont tenu à rappeler l'ampleur du problème. Près de 39 000 familles attendent toujours un logement subventionné, certaines depuis plusieurs années. «Ça peut prendre de sept à dix ans avant d'avoir un logement dans un HLM, dénonce Patrick Landry qui milite au sein du Comité de base pour l'action et l'information sur le logement social (BAILS) d'Hochelaga-Maisonneuve. Il n'y a pas de place. Les projets de coopératives, il n'y en a pas beaucoup qui commencent. Dans Hochelaga-Maisonneuve, la plupart des développements immobiliers sont laissés aux propriétaires de condos.»

Si la disponibilité des logements s'est quelque peu améliorée à Montréal au cours des dernières années, elle s'est détériorée dans plusieurs autres régions, particulièrement sur la Côte-Nord et en Abitibi-Témiscamingue, deux régions qui connaissent une forte croissance économique. À Sept-Îles, le taux d'inoccupation des logements est de 0,6% selon les plus récentes statistiques de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. La situation est encore pire à Rouyn-Noranda où le taux d'inoccupation est de 0,1%. «On a une croissance économique qui est censée apporter de la richesse à notre population, mais ce sont les gens au bas de l'échelle qui en font les frais, déplore Danik Laporte du Regroupement d'éducation populaire d'Abitibi-Témiscamingue. La crise du logement est directement liée au boom minier et à l'affluence des travailleurs. Ce qui reste ce sont des logements insalubres, des logements inadéquats et des logements qui sont trop chers.»

Le FRAPRU entend poursuivre ses pressions jusqu'au dépôt du budget du ministre Raymond Bachand prévu d'ici la fin du mois de mars.