Le gouvernement Harper menace de revenir sur sa promesse de financer un nouvel amphithéâtre à Laval si le club-école du Canadien, les Bulldogs, en devient locataire.

Le ministre fédéral des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités affirme que le financement des infrastructures destinées à accueillir du sport professionnel ou junior majeur doit relever du privé.

«Selon les informations que je possède, le projet devait servir le sport amateur et le loisir», soutient le ministre Denis Lebel.

«Si une équipe professionnelle ou junior majeur était destinée à s'établir dans cette infrastructure, alors la demande de modification majeure serait refusée», a-t-il ajouté dans une lettre envoyée à La Presse.

La controverse a éclaté jeudi matin, après la publication d'un article de La Presse qui a affirmé que le financement de l'amphithéâtre de 120 millions de dollars serait partagé par le gouvernement du Québec, le fédéral et la Ville de Laval.

Le texte a indiqué que les Bulldogs allaient devenir le principal locataire de l'aréna et qu'evenko, division spectacle du Canadien de Montréal, avait obtenu le contrat de gestion du complexe sportif.

Cette annonce a surpris la députée péquiste Agnès Maltais. Jeudi, elle a évoqué la possibilité d'une injustice à l'égard de la région de Québec puisque les conservateurs ont refusé de financer l'amphithéâtre.

«Est-ce que c'est deux poids, deux mesures? Est-ce qu'il y a des différences dans les dossiers? Je pense que les gens de la Capitale-Nationale méritent des explications», a-t-elle déclaré.

La députée de la circonscription de Taschereau, qui jouit d'une forte popularité à Québec, croit que le gouvernement fédéral devra rendre des comptes à la population de la région. «Après tout, les conservateurs à l'époque se sont fait prendre en photo avec des chandails des Nordiques. Après, ç'a été un scandale dans la région quand ils n'ont pas financé l'amphithéâtre.»

Démission au PQ

Le secrétaire du Parti québécois de Laval, Pierre Castonguay, accuse Mme Maltais d'être responsable de la volte-face du gouvernement Harper. «Écoeuré de la région bashing», il a annoncé hier soir sa démission à l'émission Bonsoir les sportifs, au 98.5.

«Parce que Mme Maltais n'a pas son aréna à Québec, comme une petite fille gâtée qui le veut, elle remet en question les subventions qu'on était en train d'avoir. Écoutez, ça ne fonctionne pas comme ça», a déclaré M. Castonguay à La Presse.

Celui qui affirme admirer la chef du Parti québécois, Pauline Marois, préfère grossir les rangs de Québec solidaire. «Nous, les Lavallois, quand les gens à Québec ont voulu avoir un club de hockey, nous avons toujours soutenu cette demande. Nous sommes prêts en tant que citoyens à payer pour leur club de hockey parce que c'est le sport national de la province. Agnès Maltais vient dire l'inverse et questionne le projet de Laval parce qu'ils n'ont pas leur aréna à Québec», déplore-t-il.

Pour sa part, le député fédéral Maxime Bernier est opposé au financement public d'un amphithéâtre, qu'il soit à Québec ou à Laval. «Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement d'utiliser des fonds publics pour financer un amphithéâtre qui servirait à une équipe professionnelle. Ma position n'a pas changé», a dit le ministre d'État à la Petite entreprise et au Tourisme au journal En Beauce.

Par ailleurs, le bureau de Denis Lebel a fait savoir que les délais de construction de l'amphithéâtre à Laval étaient expirés. «Le projet devait débuter en janvier 2010 et se terminer en décembre 2011... Comme le délai de construction pour l'amphithéâtre est expiré, si le Québec voulait toujours procéder avec ce projet, il devrait demander une modification majeure du projet au gouvernement fédéral», écrit M. Lebel. Il précise finalement qu'une telle demande serait refusée si une équipe professionnelle ou junior majeur devait s'installer au complexe sportif de Laval.