Ottawa doit demander à la GRC d'intervenir «de manière musclée» contre les trafiquants d'amphétamines (speed) dans les communautés innues du Québec, affirme le député fédéral de Manicouagan, Jonathan Genest-Jourdain.

Le jeune député néo-démocrate confirme que les amphétamines font des ravages parmi les jeunes Innus de la Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord, comme l'a rapporté La Presse hier. Il dit avoir lui aussi constaté que des enfants - heureusement minoritaires - s'initient aux drogues dès l'école primaire, ainsi que l'indique une étude menée par une chercheuse de l'Université de Sherbrooke.

«Les conservateurs ne peuvent pas fermer les yeux sur la situation, a-t-il dit au cours d'un entretien, hier. C'est l'avenir de la future génération qui est en cause. On ne peut pas laisser aller les choses. La ministre de la Santé (Leona Aglukkaq) et le ministre des Affaires indiennes (John Duncan) doivent intervenir.»

Il y a trois ans, la GRC a combattu de façon efficace la vente de PCP, rappelle M. Genest-Jourdain, lui-même innu. Les policiers avaient démantelé une organisation criminelle impliquée dans la production et le trafic de PCP en milieu autochtone sur la Côte-Nord. «Il était temps, dit le député, car des trafiquants allaient jusqu'à intimider les enseignants et le personnel des écoles secondaires.»

Après une accalmie, le PCP a été remplacé par le speed, une drogue de synthèse qui provoque un sentiment d'euphorie et de bien-être et qui supprime les inhibitions.

Avant d'être élu député, le printemps dernier, M. Genest-Jourdain avait une pratique d'avocat. «Les cas de psychoses toxiques représentaient le tiers de ma charge de travail, dit-il. Le speed se vend à très bas prix. Des jeunes peuvent consommer sept ou huit comprimés dans une soirée. Le lendemain, leur discours est incohérent.»

Des parents de Maliotenam ont manifesté l'été dernier contre la consommation d'amphétamines. Une des organisatrices, Constance Vollant, affirme que les campagnes de prévention sont déficientes: le conseil de bande manque d'argent, dit-elle.

Selon M. Genest-Jourdain, le ministre John Duncan a été accueilli par des manifestants et des pancartes anti-trafic lors d'une visite dans les communautés innues l'été dernier: «Il est donc bien au courant de la situation.»

Un fléau

L'étude menée par une chercheuse du département de psychoéducation de l'Université de Sherbrooke, que nous avons citée hier, révèle que les écoliers innus s'initient à l'alcool et au cannabis à l'âge moyen de 9,6 ans, ce qui signifie que certains enfants s'y initient encore plus tôt.

Quelques écoliers se sont initiés aux drogues dures - dont les amphétamines - à un âge moyen de 9,5 ans, ajoute l'étude. Cette recherche va dans le même sens que d'autres, notamment chez les jeunes Inuits du Nunavik (le cas d'un enfant inuit qui a inhalé des vapeurs d'essence à l'âge de 5 ans a été recensé).

Une campagne de prévention a été lancée dans les écoles primaires de quatre communautés innues, en novembre dernier. Faute de fonds, elle est limitée aux enfants et ne vise pas les parents.