Les troupes élites du Canada et leur famille obtiennent un appui social inadéquat des autorités militaires. Dans certains cas, elles ont implanté leur propre programme afin de leur permettre de vivre avec les incertitudes de la vie.

Ce constat figure dans une étude menée par le Régiment d'opérations spéciales du Canada, créé à partir de plusieurs unités dont la surentraînée FOI-2 de contre-terrorisme.

«Il est devenu apparent qu'il existe un besoin pour fournir de l'aide non seulement à l'unité mais aussi aux familles», peut-on lire dans une note préparée pour l'ancien commandant du Régiment, le major-général Mike Day.

Ce document, qui fournit de rares détails sur la formation la plus élitiste des Forces armées canadiennes, a été obtenu par La Presse Canadienne en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Cette étude a été commandée par les forces spéciales mais la direction des services aux familles des militaires y a participé.

Selon cette étude, la grande confidentialité entourant le régiment et ses missions paralyse les soldats et leur famille.

Au cours des années, plusieurs craignaient d'avoir recours aux services - ou de demander de l'aide. Ils craignaient de transgresser involontairement les règles de sécurité opérationnelle. Dans certains cas, on pesait que les unités ne remettraient pas les noms de leurs membres aux agences d'aide.

«Le désespoir pousse les unités à créer et à gérer une organisation qui n'a pas l'autorité ou les fonds nécessaires pour les services qu'ils souhaitent fournir», indique un résumé préparé pour le général Day.

L'actuel commandant du régiment, le brigadier-général Denis Thompson, a reconnu «qu'il y avait des frictions» entre les unités et l'aide aux familles mais a fait remarquer qu'au moins neuf postes d'aide psychologique ont été créés - ou en voie d'être créés - dans les bases de Trenton et de Petawawa, en Ontario, pour venir en aide aux forces spéciales.

La directrice du programme d'aide aux familles, Céline Thompson, a dit que les autorités militaires se sont rapidement rendues compte que la nature secrète des missions affectaient les familles qui ne savaient pas ce qu'elles pouvaient dire ou quand elles pouvaient demander de l'aide.  Il était donc important de nommer «quelqu'un ayant une autorisation de sécurité d'un rang élevé avec qui elles pouvaient établir des relations de confiance».

Il fut un temps où il était même difficile de placer les membres des forces spéciales sur un vol de routine car on craignait que leurs noms soient publiés. «C'était franchement ridicule en quelque sorte, reconnaît le général Thompson. Nous avons fait un pas en arrière en adoptant des mesures aussi rigides sur la sécurité opérationnelle et l'identité des membres. En fait nous avons insisté là-dessus uniquement pour les membres du FOI-2.»