Kateri Tekakwitha se rapproche à grands pas de la sainteté. Benoît XVI vient en effet d'autoriser la canonisation de la bienheureuse mohawk, dont le tombeau est situé dans l'église de Kahnawake.

«C'est un accomplissement, se réjouit le diacre Ron Boyer, du centre Kateri, à Kahnawake. Nous avons mis tellement d'efforts et de temps sur cette cause. Maintenant, avec un peu de chance, on va pouvoir relaxer. Mais ce n'est pas parti pour ça.»

Morte en 1680, celle qu'on surnomme le «lys des Mohawks» a été béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1980, deux ans avant le frère André. Mais il lui manquait encore un miracle «certifié» pour être proprement sanctifiée.

C'est maintenant chose faite.

En 2006, Kateri aurait en effet sauvé un jeune garçon de Seattle de la bactérie mangeuse de chair. Après avoir été à l'étude pendant plus de cinq ans, le dossier a finalement reçu l'imprimatur du Vatican. Sauf erreur, cela fera de Kateri la première sainte autochtone d'Amérique du Nord.

Lieu de culte

Cette nouvelle aura évidemment un impact considérable sur la petite ville de Kahnawake, qui risque de devenir un lieu de pèlerinage majeur.

«Pour nous, cela veut dire qu'il y aura plus de tourisme», souligne Greg Horn, propriétaire du site d'information kahnawakenews.com. «Ça va aider notre église. Elle en avait bien besoin.»

Kenneth Deer, de la Maison longue de Kahnawake, est pour sa part plus réticent. «Ça va changer notre communauté pour toujours, c'est sûr. Mais je ne suis pas certain qu'on soit vraiment préparés à ça. Pour le moment, notre communauté n'a pas les infrastructures pour recevoir un si grand afflux de visiteurs.»

Objet de culte international, Kateri Tekakwitha était déjà considérée comme une sainte officieuse. Dès le XVIIe siècle, les jésuites ont été les premiers à écrire son hagiographie et à pousser sa cause à Rome. Son personnage d'Amérindienne illuminée faisait l'objet d'une littérature et d'une iconographie abondantes.

Des deux côtés de la frontière, des organisations se disputaient par ailleurs sa nationalité. Américaine ou canadienne? La question reste en suspens, étant donné que Kateri est morte avant que les deux pays n'existent. Diplomate, le Vatican semble pour l'instant vouloir lui accorder le statut consensuel de sainte «nord-américaine».

Colonisée spirituelle

Fait intéressant: tous les Mohawks ne partagent pas le même enthousiasme pour Kateri Tekakwitha. Les plus traditionalistes lui reprochent encore de s'être convertie au catholicisme, ce qui en aurait fait une sorte de «colonisée spirituelle». Mais Ron Boyer est convaincu que sa canonisation réunira les deux camps. «Ils [les traditionalistes] vont revenir à l'église, j'en suis sûr», lance le diacre.

Benoît XVI devrait annoncer la date officielle de canonisation au début de la nouvelle année. D'ici là, avis aux intéressés: une messe de Noël en mohawk sera donnée à l'église Saint-François-Xavier de Kahnawake, le samedi 24 décembre à 20h.

Photo: PC

Portrait de Kateri Tekakwitha.