Une majorité de 28 pays, dont le Canada et de nombreuses nations européennes, n'ont pas obtempéré à des demandes d'accès à l'information au sujet de leur présumée participation à des vols clandestins de la CIA dans lesquels se seraient trouvés des individus soupçonnés d'actes terroristes, ont indiqué lundi deux organisations de droits de la personne.

Reprieve, une organisation établie à Londres, et Access Info Europe, dont les quartiers généraux sont situés à Madrid, ont accusé ces pays d'avoir masqué leur implication dans le soi-disant programme «extraordinary rendition», en négligeant de dévoiler des données liées au trafic aérien, qui auraient permis de vérifier le trajet emprunté par les avions.

Les responsables des deux groupes affirment que seulement sept des 28 pays ont livré l'information demandée. Cinq autres ont déclaré ne plus posséder ces données, et trois - dont le Canada - ont refusé de les rendre publiques. Enfin, 13 pays n'avaient toujours pas répondu à la demande, 10 semaines après que celle-ci leur eut été acheminée.

Le mutisme de ces pays contraste avec la réaction des États-Unis, qui ont remis les documents de l'Administration fédérale de l'aviation, incluant les données de plus de 27 000 itinéraires de vols.

Le rapport des deux organisations note que les États-Unis ont fourni «de loin, la réponse la plus détaillée», et accuse les pays d'Europe, notamment, de traîner de la patte en matière de transparence.

Selon Helen Darbishire, directrice générale d'Access Info Europe, il s'agit autant d'un problème spécifiquement lié à ce dossier que d'un problème d'accès à l'information. Aux yeux de Mme Darbishire, les nations européennes n'ont pas totalement respecté leurs obligations.

Des militants de droits de la personne travaillent depuis des années pour assembler des éléments d'information sur des centaines de vols clandestins qui auraient aidé à transférer de présumés terroristes entre des prisons outre-mer, tenues par la CIA, et la base militaire de Guantanamo, dans le cadre de la «guerre au terrorisme» qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001.