La communauté autochtone d'Attawapiskat a riposté au gouvernement fédéral: l'offre d'évacuer la ville et d'y installer 15 maisons modulaires est jugée insuffisante.

Dans une lettre adressée au ministre des Affaires autochtones, la chef d'Attawapiskat, Theresa Spence, affirme sa communauté a besoin de 22 nouvelles maisons modulaires.

Mme Spence demande que le ministre Duncan revienne sur sa décision de placer la réserve sous la responsabilité d'une tierce partie, une décision qui retire au conseil de bande le pouvoir de gérer ses finances et indique habituellement de graves problèmes financiers.

La chef stipule également que le conseil de bande ne paiera pas pour qu'un tel gestionnaire prenne le contrôle, quoiqu'elle se dise entièrement d'accord avec l'examen des comptes des cinq dernières années, tel que demandé par le ministre. Le salaire de ce comptable nommé par Ottawa s'établirait à 1300 $ par jour.

En ce qui concerne l'évacuation suggérée cette semaine pour les 25 familles présentées comme les moins bien logées de cette communauté reculée voisine de la Baie James, Mme Spence explique que la plupart d'entre elles préféreraient demeurer dans la communauté, en se déplaçant plutôt vers un centre de santé non loin de là qui pourrait être adapté.

Une porte-parole du ministre Duncan a déclaré que le ministre examinait la réponse et disait espérer qu'ils trouveront tous une manière de travailler ensemble.

Les résidants d'Attawapiskat semblent être en mesure de survivre aux premières semaines de l'hiver, mais leur avenir à moyen terme demeure un mystère.

La Croix-Rouge a annoncé vendredi avoir récolté presque 300 000$ à travers le pays, ce qui servira à couvrir les besoins immédiats des familles les plus défavorisées de la communauté pour l'isolation, le chauffage et les vêtements d'hiver, entre autres.

Plus tôt, vendredi, le gouvernement fédéral a annoncé avoir acheté 15 «maisons mobiles» pour Attawapiskat, mais le ministre des Affaires autochtones et du Nord, John Duncan, a refusé de dire quand ces maisons seront livrées à la communauté en crise.

Le ministre a aussi refusé de dire qui, de la communauté autochtone ou du gouvernement fédéral, épongera cette facture de 1,2 million $. Impossible non plus de faire dire au ministre si le coût de livraison est inclus dans ce montant.

«Les maisons et les coûts qui y sont associés ne font pas partie de nos inquiétudes prioritaires, s'est limité à dire M. Duncan. Il s'agit d'une situation de crise. Nous nous préoccuperons de la facture plus tard.»

Sa porte-parole a ensuite affirmé que le gouvernement fédéral payait lui-même ces maisons, mais que si le comptable trouvait des surplus dans le budget du conseil de bande, Ottawa se ferait rembourser.

Dans un court point de presse tenu dans le foyer de la Chambre des communes, M. Duncan a répété qu'il mettait en place un plan d'urgence pour la réserve qui vit une grave crise du logement.

Le député néodémocrate Charlie Angus, dont la circonscription englobe Attawapiskat, estime que le gouvernement devrait faire preuve de flexibilité dans ses relations avec le conseil de bande.

Bien que le récent achat gouvernemental de fournitures d'urgence et de logements modulaires et l'offre d'évacuation soient les bienvenus, il maintient que la réponse a été bien trop lente et ne vise pas à régler les problèmes à long terme.

Une vérification exhaustive indépendante des 90 millions $ alloués à la réserve par Ottawa au cours des cinq dernières années sera aussi menée. Jeudi, le premier ministre Stephen Harper a affirmé que les finances de la communauté étaient mal gérées.

Le conseil de bande a affirmé à plusieurs reprises qu'il n'était pas fermé à l'idée d'ouvrir ses livres, mais est furieux de voir qu'Ottawa a déjà conclu que son budget était mal dépensé.

«Le gouvernement doit faire preuve de flexibilité», a affirmé Charlie Angus vendredi, après avoir discuté avec les leaders de la communauté. «Ils disent: »venez, vérifiez nos livres, faites ce que vous voulez avec nos finances. Mais ne nous imposez pas un gestionnaire indépendant parce que ça limitera nos capacités à faire face à la crise«.»

Les routes d'hiver pour atteindre la réserve située dans le nord de l'Ontario, à l'ouest de la baie James, ne sont habituellement ouvertes qu'en janvier. En attendant ces routes, le ministre n'a aucun plan pour livrer les habitations acquises. Il propose d'évacuer les familles qui vivent dans des tentes et des cabanes.