Le ministère des Affaires autochtones a annoncé que le gouvernement songe à évacuer certains habitants de la communauté d'Attawapiskat en attendant de leur trouver des logements adéquats.

Dans une lettre adressée mercredi à la chef de la communauté du nord de l'Ontario, Theresa Spence, le ministre John Duncan a indiqué que l'autre solution à la pénurie de logements serait de convertir un complexe sportif et un centre de guérison en logements temporaires.

M. Duncan a expliqué que selon un inventaire, 15 maisons modulaires répondraient aux besoins des familles vivant présentement dans des taudis et des tentes.

Il a précisé que le séquestre-administrateur est prêt à acheter les maisons dès maintenant afin qu'elles soient livrées aussitôt que les routes d'hiver seront praticables.

Les évacuations ou les rénovations sont les deux options possibles en attendant, selon le ministre, indiquant que ces deux possibilités lui semblent «justes et raisonnables».

Ottawa a imposé aux autorités de la communauté une forme de tutelle. Mais lundi, des membres du conseil de bande ont demandé au gestionnaire nommé par le gouvernement de quitter la réserve.

Le conseil de bande peut accepter ou rejeter les solutions offertes. Mercredi, Mme Spence n'était pas disponible pour commenter les offres.

La situation actuelle d'Attawapiskat concernant l'état de ses finances et du logement est liée à un refoulement d'égout survenu en 2009 qui a forcé l'évacuation de plusieurs familles.

Le gouvernement ne voulait pas payer pour l'évacuation des résidants, alors le conseil de bande a dû s'endetter pour régler la facture. Les maisons touchées n'ont toujours pas été réparées.

Dans la lettre, le ministre Duncan a aussi indiqué que des poêles à bois, des toilettes à compostage et des matériaux de construction sont en route vers la communauté crie située sur les rives de la baie James. Il a également offert des ressources supplémentaires pour les soins de santé.

Plus tôt mercredi, le Nouveau Parti démocratique avait demandé au gouvernement Harper de dépêcher les Forces canadiennes à Attawapiskat.

La chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel, a fait valoir que la livraison d'équipement jusqu'à la petite communauté du nord de l'Ontario nécessitera beaucoup d'organisation.

«Transporter des fournitures jusqu'à cette communauté pour redresser la situation du logement demandera un haut niveau de coordination», a écrit Mme Turmel dans une lettre adressée mercredi au premier ministre Stephen Harper.

«En raison des températures extrêmes et du fait que les routes d'hiver ne seront pas praticables avant près de deux mois, la communauté a besoin d'aide logistique. Pour cette raison, les membres m'ont demandé de vous dire qu'ils souhaitent le support de l'armée canadienne.»

Selon Mme Turmel, la crise qui prévaut à Attawapiskat n'est pas différente d'autres crises humanitaires survenues au Canada, pour lesquelles l'armée a été envoyée en renfort.

Mardi, l'Assemblée des premières nations a demandé aux Nations unies de dépêcher un rapporteur spécial qui pourrait évaluer le respect des obligations légales d'Ottawa.

Selon les leaders autochtones, l'ONU pourrait forcer le premier ministre Stephen Harper à expliquer à la communauté internationale pourquoi des crises comme celle d'Attawapiskat peuvent survenir dans un pays comme le Canada.

Selon le sénateur conservateur Patrick Brazeau, lui-même membre d'une réserve autochtone, les membres de la communauté agissent de façon hypocrite lorsqu'ils demandent l'aide de l'ONU et refusent la présence du gestionnaire nommé par le gouvernement.

«Dans un premier temps, ils vont passer une résolution pour que l'ONU regarde l'état de la situation à Attawapiskat, mais ils ne laissent pas une tierce partie entrer dans la communauté pour revoir les états financiers et améliorer les conditions.»

Sans aller jusqu'à accuser le conseil de bande de mauvaise gestion, M. Brazeau croit tout de même qu'il reste des zones d'ombres qui doivent être éclaircies.

«Les indications vont de ce côté là. Beaucoup de questions n'ont pas reçu de réponses de la part du leadership de la communauté. Et c'est sûr que d'avoir une tierce partie pour revoir les états financiers et s'assurer que les fonds ont été bien gérés et dépensés, c'est important pour tous les contribuables.»