Coup de théâtre, hier soir, dans le monde agricole. Après avoir réclamé par huissier un remboursement d'impôt foncier agricole à Benoit Girouard, président de l'Union paysanne, le ministère de l'Agriculture (MAPAQ) a reculé. La faute du producteur de lapins des Laurentides était de ne pas avoir payé sa cotisation à l'Union des producteurs agricoles (UPA). Un choix du producteur pour dénoncer le monopole de ce syndicat en agriculture.

«Il va y avoir révision du dossier», a toutefois dit hier soir à La Presse Nathalie Foster, du service des affaires publiques du MAPAQ. «On veut étouffer l'affaire, a répliqué M. Girouard. Se sentant dans l'embarras, l'UPA et le MAPAQ ne sont pas intéressés à ce que je poursuivre ma lutte contre le monopole syndical. Mais je vais continuer avec d'autres producteurs qui sont dans la même situation que moi.»

Tout a commencé quand M. Girouard a reçu, la semaine dernière, une lettre d'huissier le sommant de retourner 145$ reçus de Québec en remboursement d'impôt foncier agricole. Motif invoqué: il n'avait pas acquitté sa facture de l'UPA.

Pourquoi Québec se mêle-t-il du paiement de cotisation à l'UPA? «Les producteurs doivent respecter la loi, a fait valoir Mme Foster. L'article 36,2 de la Loi sur les producteurs agricoles prévoit que la cotisation doit être acquittée auprès de l'association accréditée pour bénéficier du remboursement de taxe. Et cette association, c'est l'UPA.»

Étrangement, le syndicat a indiqué en fin d'après-midi que le défenseur de l'Union paysanne n'avait rien à payer. «L'UPA considère que M. Girouard ne lui doit rien, car il n'apparaît pas sur notre liste de producteurs, a dit Patrice Juneau, conseiller aux affaires publiques de l'UPA. Pour apparaître sur cette liste, une personne doit avoir une production annuelle destinée à la mise en marché égale ou supérieure à 5000$. Selon nos vérifications, ce n'est pas le cas de M. Girouard.»

C'est faux, selon le principal intéressé. «Ma valeur de production est au-dessus de 5000$, a affirmé M. Girouard. Ils m'ont effacé de leur liste, c'est tout.»

Le désintérêt de l'UPA ne règle pas le fond de l'affaire. Si M. Girouard n'est pas considéré comme producteur agricole parce qu'il n'est pas membre de l'UPA et ne met pas en marché pour 5000$ par année, il n'a pas droit au remboursement d'impôt foncier agricole. Il devrait donc rembourser 145$ à Québec... ce qu'il a refusé de faire.

En soirée, le MAPAQ a découvert qu'il y a une exception pour les producteurs qui sont en période de démarrage, comme M. Girouard. «Même s'il n'est pas tenu de payer de cotisation à l'UPA, il a droit au remboursement de taxe, a dit Mme Foster. Il va y avoir révision du dossier.»

Une résolution visant à mettre fin au monopole de l'UPA a récemment été adoptée au congrès du PLQ, a rappelé M. Girouard. «Le ministre de l'Agriculture ne se sent-il pas obligé de suivre son parti?», a-t-il demandé.

La réponse sera dans la future politique bioalimentaire, a indiqué Mme Foster. «Les consultations sur le Livre vert vont reprendre en janvier», a-t-elle précisé.