Abousfian Abdelrazik, un Montréalais accusé d'être un agent d'Al-Qaïda qui s'entraînait en Afghanistan, a été retiré de la liste antiterroriste du Conseil de sécurité des Nations unies.

L'homme d'origine soudanaise a été arrêté sans être accusé en 2003 alors qu'il visitait sa mère au Soudan. Il a déjà été blanchi des accusations de terrorisme qui pesaient contre lui par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

En vertu de la décision annoncée mercredi, «le gel des avoirs, l'interdiction de voyager et l'embargo sur les armes prévus par la résolution 1989 du Conseil de sécurité de ne s'appliquent plus» à M. Abdelrazik, a annoncé l'organe onusien.

L'avocat d'Abousfian Abdelrazik, Paul Champ, a contacté son client dès qu'il a été informé de cette nouvelle.

«Il était extrêmement heureux et il criait, et je pouvais entendre les cris de joie des enfants derrière lui», a relaté Me Champ lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«C'était vraiment un moment extraordinaire.»

Le nom d'Abousfian Abdelrazik avait été ajouté à la liste antiterroriste en juillet 2006, après que les États-Unis eurent identifié l'homme comme étant un supporter d'Al-Qaïda.

M. Abdelrazik a dit que les agents du SCRS et du FBI l'avaient interrogé à propos de liens allégués avec des organisations terroristes. Il a accusé le SCRS d'avoir fourni des questions aux autorités soudanaises, qui l'auraient torturé pendant sa détention.

Le Canada soutient depuis longtemps qu'il n'était pas au courant de ces allégations de torture.

Le passeport d'Abousfian Abdelrazik a expiré pendant qu'il était derrière les barreaux au Soudan. Il a par la suite logé dans des habitations de fortune de l'ambassade canadienne de Khartoum, la capitale soudanaise.

Il tentait de faire retirer son nom depuis son retour au Canada, en juin 2009.

À cette époque, un magistrat de la Cour fédérale de justice avait conclu que le SCRS était un «complice de la détention» d'Abousfian Abdelrazik au Soudan. Le juge Russel Zinn avait en outre déclaré que le gouvernement avait bafoué les droits constitutionnels de M. Abdelrazik en refusant de lui fournir un passeport temporaire.

Le gouvernement fédéral n'a pas porté ce jugement en appel.

Abousfian Abdelrazik a pour sa part déposé une poursuite contre le gouvernement fédéral.

Me Champ, selon qui Abousfian Abdelrazik vivait «dans une prison sans mur» depuis ce temps, estime que son client pourra enfin retrouver une vie normale.

Une conférence de presse est prévue jeudi matin à 10h à Montréal.