Le chien de garde national des services de renseignement n'a pas encore rendu son rapport sur le rôle du Service canadien de renseignements de sécurité (SCRS) dans l'interrogation d'un Montréalais alors qu'il se trouvait dans un pays étranger, et ce bien que le SCRS ait lui-même demandé un examen rapide de son implication il y a plus de deux ans.

Toutes les indications portent à croire que l'enquête du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) sur le dossier Abousfian Abdelrazik est décédé de sa belle mort ou, dans le meilleur des cas, est tombé dans les limbes.

Paul Champ, l'avocat de M. Abdelrazik, a déclaré croire que le comité a abandonné l'enquête à la suite de travaux préparatoires par le Dr Arthur Porter, qui était alors membre du comité.

Me Champ a déclaré vendredi qu'il croyait que le CSARS ne se penchait désormais plus sur cette affaire.

Au cours d'une entrevue récente, M. Porter a refusé de discuter de l'affaire. Il a démissionné ce mois-ci sous le coup de questions concernant ses transactions d'affaires personnelles. Le comité d'examen, composé de gens nommés par le gouvernement fédéral, n'a pas répondu à des questions concernant l'enquête sur l'affaire Abdelrazik.

La porte-parole du CSARS, Tahera Mufti, a également refusé de commenter.

M. Abdelrazik, un Canadien ayant des proches à Montréal, a été arrêté, mais pas accusé lors d'une visite chez sa mère au Soudan en 2003.

Il affirme que le SCRS et des agents du FBI américain l'ont interrogé à propos de supposés liens avec des groupes terroristes. L'homme, désormais revenu à Montréal, affirme également que les autorités soudanaises qui l'ont torturé ont utilisé des questions du SCRS.

Le Canada dit n'avoir rien su des agressions présumées.

En mars 2009, le directeur d'alors du SCRS, Jim Judd, a déclaré que le service de renseignement ne demandait pas l'arrestation de Canadiens à l'étranger. Dans le cadre d'une décision surprenante, il avait demandé au comité d'examiner le rôle du SCRS dans l'affaire Abdelrazik.

Deux mois plus tard, le comité a annoncé qu'il examinerait effectivement le dossier en réponse à une plainte déposée en juillet précédent par M. Abdelrazik et ses avocats. Au final, la plainte et la demande de M. Judd ont été fusionnées en une seule enquête, a expliqué Me Champ.

L'enquête s'est toutefois enlisée l'an dernier lorsque le comité a refusé de divulguer de la documentation du SCRS, qui aurait aidé M. Abdelrazik à se préparer pour une révision croisée, a-t-il ajouté.

Sans les documents, M. Abdelrazik aurait dû répondre à des questions des avocats du SCRS tentant de trouver des failles dans ses témoignages concernant des événements survenus des années auparavant, ce qui «aurait été injuste au niveau de la procédure, selon notre opinion», a dit Me Champ.