Les réclamations frauduleuses d'assurance emploi ont coûté près de 137 millions au gouvernement fédéral l'an dernier, selon des documents rendus publics plus tôt ce mois-ci. C'est la deuxième hausse en autant d'années, souligne l'opposition, qui estime qu'une meilleure organisation du ministère des Ressources humaines pourrait atténuer le problème.

Le rapport 2011 des comptes publics du Canada, qui détaille les revenus et les dépenses du gouvernement fédéral dans la dernière année, fait état de 115 821 réclamations frauduleuses au ministère responsable du programme d'assurance emploi. La facture: 136,7 millions.

Les fraudes dans ce programme fédéral ont atteint des sommets, en 2007 et en 2008, de 152,6 millions et 146,7 millions. Après un repli, c'est la deuxième fois en autant d'années que les pertes augmentent (voir tableau au bas du texte).

Le gouvernement a déjà récupéré 26 millions des sommes perdues au cours de la dernière année. Et il s'attend à récupérer la quasi-totalité de ses pertes dans les prochaines années.

Comment le ministère des Ressources humaines et Développement des compétences explique-t-il l'augmentation des fraudes au cours des deux dernières années? Difficile de le savoir. Notre demande d'entrevue a été refusée.

«Ce sujet est important aux yeux du Ministère, a-t-on écrit à La Presse dans un courriel. Étant donné que le volume des demandes de prestations d'assurance emploi fluctue d'année en année en fonction des conditions du marché du travail, l'ampleur des fraudes peut, par conséquent, varier.»

«Erreurs de bonne foi»

Selon le Nouveau Parti démocratique, le phénomène n'est peut-être pas fortuit. La députée Jean Crowder, membre du comité parlementaire chargé d'étudier les questions de ressources humaines, estime qu'une bonne part des réclamations jugées frauduleuses découlent d'erreurs de bonne foi.

«Une part de ces déclarations frauduleuses sont effectivement des fraudes, résume-t-elle. Mais une part découle également d'erreurs ou de demandeurs qui ne comprennent pas très bien comment procéder.»

Selon elle, les complications seraient moins nombreuses si les demandeurs d'assurance emploi étaient mieux guidés lorsqu'ils s'adressent au gouvernement.

Elle estime que si Ottawa embauchait davantage de personnel pour guider les demandeurs, faire le suivi des demandes afin de déceler les anomalies et enquêter sur les fraudes possibles, les sommes perdues seraient moindres.

«Étant donné toutes les coupes dans le programme d'assurance emploi, cela fait réfléchir, dit la députée Crowder. Est-ce que les gens obtiennent toutes les informations dont ils ont besoin sur la manière de remplir leurs requêtes?»

Le NPD a récemment dénoncé les longs délais dans le traitement des demandes. Le parti a démontré qu'en septembre, près du quart des personnes qui ont appelé pour s'enquérir du programme ont raccroché avant d'obtenir la communication avec un préposé à cause de l'attente trop longue.

Le coût des fraudes à l'assurance emploi:

> 2010-2011 - 136,7 millions

> 2009-2010 - 119,1 millions

> 2008-2009 - 116,1 millions

> 2007-2008 - 146,7 millions

> 2006-2007 - 152,6 millions

> 2005-2006 - 127,7 millions

> 2004-2005 - 68,5 millions

> 2003-2004 - 106,4 millions

> 2002-2003 - 133,4 millions

> 2001-2002 - 105,7 millions

Source: Comptes publics du Canada