Le premier jour du Souvenir à se tenir après la fin de la mission de combat du Canada en Afghanistan voit plusieurs anciens combattants désillusionnés face au gouvernement conservateur, malgré ses promesses de soutien financier et ses déclarations publiques de soutien aux militaires.

Ces vétérans déçus refusent de s'effacer doucement dans l'Histoire, inquiets qu'Ottawa les traite comme des anciens combattants de deuxième classe comparativement à ceux qui se sont battus pendant les deux guerres mondiales et en Corée.

Au même moment, la population a l'occasion de réfléchir non seulement sur l'avenir de l'armée canadienne, mais aussi de ce qu'elle a exigé des hommes et des femmes en uniforme depuis le 11 septembre 2001.

L'ex-ombudsman des anciens combattants Pat Strogan affirme que le réflexe du gouvernement - et de la population en général dans une moindre mesure - est d'oublier l'Afghanistan. Il souligne d'ailleurs la réticence d'Ottawa, plus tôt cette année, à graver une mention de ce conflit dans la pierre du Monument commémoratif de guerre du Canada, à Ottawa. Selon lui, cette exclusion a eu un fort impact chez les soldats.

Le discours officiel est que la guerre en Afghanistan n'est pas terminée, qu'il est prématuré de discuter d'un tel changement, et que les troupes sont encore menacées dans le cadre de la mission de formation à Kaboul, un argument souligné de façon brutale récemment avec le décès du maître-caporal Byron Greff dans la capitale afghane.

M. Strogan estime toutefois que quelque chose de plus terre à terre se déroule actuellement.

«Les mandarins à Ottawa veulent vraiment que nous séparions les conflits contemporains des guerres mondiales pour des raisons financières; pour des raisons insensées, égoïstes et fallacieuses, a-t-il déclaré lors d'une récente entrevue. S'ils peuvent dire qu'il y a eu deux guerres mondiales et la Corée, puis tout le reste, alors ils peuvent également dire qu'il y a deux types de vétérans.»

L'armée canadienne et les familles des soldats sont en guerre depuis 10 ans, affirme-t-il. «Ils ont tout autant le droit à des cérémonies, des célébrations et du respect que les sacrifices qui ont été consentis lors de la Deuxième Guerre mondiale.»

Contrairement aux soldats des guerres précédentes qui ont quelquefois souffert en silence, les vétérans contemporains connaissent beaucoup mieux leurs droits et les obligations de l'État, et n'ont pas peur de faire du raffut en public.

Réconcilier les déclarations positives et les assurances apaisantes des Communes avec la réalité souvent sans pitié à laquelle font face les vétérans de retour de mission sera une tâche ardue pour le gouvernement Harper au cours des prochaines années.

Les anciens soldats n'ont pas peur d'utiliser les tribunaux, de manifester, voire même déclencher des grèves de la faim pour faire entendre leur voix, a déclaré Mike Blais, dont le groupe a dirigé les manifestations de la fin de semaine dernière organisées en partie contre la nouvelle charte des vétérans.

Le gouvernement se vante qu'il injectera 2 milliards $ en bénéfices additionnels pour les soldats les plus gravement blessés, mais passe plutôt sous silence le fait que cette contribution sera répartie sur 50 ans.