L'Occident ne devrait pas craindre la montée en puissance de partis politiques islamistes dans la foulée des révoltes du Printemps arabe, a déclaré vendredi Kofi Annan, à Ottawa.

L'ancien secrétaire général des Nations unies a noté qu'un parti islamiste autrefois interdit a obtenu le plus de votes lors des récentes élections tunisiennes, et que les Frères musulmans pourraient avoir un rôle à jouer en Égypte.

Les leaders de la Libye récemment libérée ont également parlé d'adopter les préceptes de la loi islamique alors qu'ils vont de l'avant avec la création d'un pays démocratique.

Selon M. Annan, qui s'exprimait devant un parterre d'étudiants, de professeurs et de diplomates à l'Université d'Ottawa, l'Occident doit s'habituer au fait que l'islam jouera un rôle dans ces sociétés.

Il a cependant fait valoir que l'islam «ne signifiait pas le terrorisme».

M. Annan était l'un des nombreux invités venus discuter des récents événements au Proche-Orient et en Afrique du Nord.

Kofi Annan a été le chef de l'ONU pendant une décennie, jusqu'en 2006, et était l'un des défenseurs les plus actifs de la doctrine de la responsabilité de protéger, qui sous-tendait la récente intervention internationale en Libye.

M. Annan participait d'ailleurs à une discussion de groupe concernant le 10e anniversaire de cette même doctrine, discussion à laquelle prenait également part l'ancien ministre libéral des Affaires étrangères Lloyd Axworthy.

M. Axworthy et le précédent gouvernement libéral ont appuyé la commission internationale qui a créé la fameuse doctrine, qui visait à spécifier quand et comment la communauté internationale pouvait intervenir dans un pays pour empêcher les civils de subir des violences de la part de leur propre gouvernement.

Selon le président de l'Université d'Ottawa, Allan Rock, un ancien ministre libéral et ambassadeur à l'ONU, la responsabilité de protéger a prouvé qu'elle était une «contribution unique et créative à la façon dont nous pensons la souveraineté d'État».

Bien que l'application de cette doctrine en Libye ait permis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, M. Annan a précisé que cette mise en pratique était loin d'avoir été parfaite, spécifiant que la résolution de l'ONU n'impliquait pas de changement de régime politique.