La marine israélienne a arraisonné vendredi un navire canadien qui s'approchait des côtes de la bande de Gaza dans l'intention de forcer le blocus naval israélien. L'opération s'est déroulée sans violence.

Le Tahrir et un bateau irlandais avaient quitté la Turquie pour Gaza mercredi, avec à leur bord de l'équipement médical et des militants propalestiniens.

Les bateaux ont été escortés jusqu'au port d'Ashdod, a précisé l'armée israélienne, pour qui la flottille «a tenté d'enfreindre le blocus maritime qui est établi en conformité avec la loi internationale».

Un organisateur de l'expédition, Denis Kosseim, a affirmé que les militants restés à terre avaient perdu contact avec le navire au cours de l'avant-midi, sûrement lorsque les forces israéliennes l'ont arraisonné.

M. Kosseim plaide que ses collègues voulaient simplement «apporter de l'aide humanitaire et de l'espoir» aux habitants de Gaza. Il a promis de ne pas baisser les bras.

«Ça fait deux ans et demi que des initiatives comme la nôtre se dirigent vers Gaza et ça ne va pas arrêter, il y en aura d'autres», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne. «Le blocus sera levé grâce à des pressions comme la nôtre. Nous ne sommes qu'une goutte, mais à force d'initiatives, le baril va déborder, le blocus va tomber.»

Selon des porte-parole de l'État hébreu, le Tahrir a été arraisonné après être resté indifférent à plusieurs appels à rebrousser chemin de la part des autorités.

Israël a imposé un blocus maritime à Gaza en 2007 après la prise de contrôle du petit territoire par le Hamas. L'État hébreu considère les tentatives visant à gagner l'enclave par la mer comme des provocations politiques ne visant qu'à attirer l'attention des médias. Israël demande aux activistes de lui remettre l'aide humanitaire destinée aux Gazaouis.

«Nous ne pratiquons pas la provocation d'Israël. Notre lecture, c'est que par son blocus illégal et inhumain de Gaza, Israël provoque une réaction de solidarité et de sympathie envers les Palestiniens», a exposé M. Kosseim. «C'est ce qui explique la persistance de ces initiatives.»

Trois Canadiens sont à bord du Tahrir: le Montréalais Ehab Lotayef, le Torontois Karen DeVito, et David Heap, de London, en Ontario.

Lorsque l'armée israélienne a demandé à l'équipage du Tahrir quelle était leur destination finale, M. Lotayef aurait répondu: «la conscience de l'humanité». Lorsqu'on leur a répété la question, il aurait répliqué: «l'amélioration du genre humain».

Vendredi, l'armée israélienne a diffusé sur Internet un court enregistrement vidéo montrant un officier de sa marine en train de demander aux deux navires de rebrousser chemin. Un des navires de la flottille est ensuite brièvement arrosé à l'aide d'un canon à eau.

Jeudi, les États-Unis ont averti des citoyens américains à bord des bateaux qu'ils pourraient faire l'objet de poursuites pour violation des lois israélienne et américaine.

L'an dernier, neuf Turcs avaient été tués dans un raid de l'armée israélienne contre une flottille humanitaire faisant route vers Gaza.

Ce n'est pas la première fois que le mouvement propalestinien canadien tente un coup d'éclat à bord du Tahrir: l'été dernier, ses militants avaient déjà essayé - en vain - de violer le blocus israélien. Le navire n'avait jamais pu quitter la Grèce.

John Baird, ministre fédéral des Affaires étrangères, a déjà demandé aux pacifistes de faire parvenir l'aide humanitaire par «les canaux établis». Il a prévenu que le Canada ne pouvait protéger ses ressortissants qui violent les lois d'autres pays.