Le souvenir des arrestations massives, qui avaient marqué les manifestations du sommet du G20 à Toronto l'an dernier, jette un froid, alors que les protestataires s'apprêtent à «occuper» Bay Street en fin de semaine dans un appel à une économie plus égalitaire.

Plusieurs contestataires impliqués dans le rassemblement à venir se rappellent clairement les violences du week-end de juin 2010. Selon l'un des organisateurs d'Occupons Bay Street, Kevin Konnyu, les manifestants sont nombreux à craindre une démonstration de force démesurée par les policiers.

Des centaines de personnes, voire des milliers, sont attendues dans le centre-ville de Toronto samedi dans le cadre d'une manifestation calquée sur le mouvement Occupons Wall Street, lancé il y a près d'un mois à New York.

Les protestataires torontois ont prévu se rencontrer devant les édifices de la bourse, dans le coeur du quartier financier de la métropole.

Une protestation similaire doit aussi avoir lieu à Montréal samedi, devant la Tour de la Bourse du Square Victoria.

Les manifestations prévues dans plusieurs villes canadiennes, à l'instar de celles qui se déroulent aux États-Unis, visent à dénoncer ce que les protestataires qualifient de fossé grandissant entre les riches et les pauvres, de même qu'un immense pouvoir politique dont bénéficierait l'élite du monde des affaires.

Ceux qui ont affiché leur intention de prendre part à la manifestation à Toronto ont déjà souligné vouloir manifester de manière pacifique et minimiser toute effusion de violence.

Sarah Jensen, une militante âgée de 28 ans et résidante de Barrie, en Ontario, a soutenu que les organisateurs derrière le mouvement n'étaient ni des criminels, ni des voyous ou des instigateurs de désordre.

«Après le G20, il y a une certaine méfiance face à la police», a expliqué Mme Barrie, qui milite essentiellement pour l'égalité des sexes.

«Des débats sont en cours afin de trancher si nous souhaitons ou non travailler directement avec les policiers», a-t-elle poursuivi.

Dans une pétition adressée au chef de police de Toronto, Bill Blair, les signataires pressent les policiers de faire preuve de retenue et de respect à l'égard des manifestants.

Contrairement au G20, où d'imposants contingents de policiers avaient été déployés avant et pendant l'événement, les forces de l'ordre ont choisi la discrétion.

«C'est quelque chose que nous examinons depuis un bon moment. L'objectif est d'assurer la sécurité publique et de faciliter la manifestation pacifique», a soutenu le porte-parole de la police de Toronto, Mark Pugash.

À Vancouver, où une importante émeute avait éclatée à la suite de la défaite des Canucks en finale de la Coupe Stanley, une association commerciale municipale a incité les entreprises installées au centre-ville à augmenter leur sécurité. Elles devraient aussi, selon l'organisme, être prêtes à affronter d'éventuels débordements pendant la manifestation Occupons Vancouver.

En dépit de centaines d'arrestations aux États-Unis, les manifestations - qui se sont étendues à Boston et Washington notamment - ont été pour la plupart pacifiques.

Parmi les autres villes canadiennes où des manifestations du même type sont prévues figurent Edmonton, Halifax, Guelph (Ontario), Winnipeg, Windsor (Ontario), Calgary et Saint-John (Nouveau-Brunswick).