La première ministre sortante de Terre-Neuve-et-Labrador semble avoir réussi à faire oublier son prédécesseur, l'un des plus populaires leaders politiques que le Canada ait connu, alors que de récents sondages laissent présager une victoire des conservateurs, ce mardi.

Kathy Dunderdale avait repris le flambeau de Danny Williams en décembre dernier, le premier ministre au tempérament bouillant ayant annoncé sa décision de quitter la politique pour retourner à sa carrière d'homme d'affaires.

À la dissolution de l'Assemblée, les conservateurs comptaient 43 députés, comparativement à quatre libéraux et une néo-démocrate. Une victoire à l'issue du scrutin de mardi représenterait, pour les progressistes conservateurs, une troisième majorité parlementaire consécutive depuis 2003. Mais ce serait aussi la première fois qu'une femme occupe le poste de premier ministre dans cette province.

Ce serait là un doux triomphe pour Mme Dunderdale, âgée de 59 ans, qui devait au départ diriger le parti de façon intérimaire seulement, le temps de trouver un successeur à M. Williams. Mais faute de candidats, cette fille d'un pêcheur de la péninsule de Burin a finalement annoncé qu'avec l'appui de son cabinet et de son caucus, elle briguerait la chefferie du parti.

Mme Dunderdale a été élue sans opposition ce printemps à la tête du parti, lors d'un congrès conservateur qui prévoyait par ailleurs un dîner en hommage à M. Williams. L'ex-premier ministre ne s'y était toutefois pas présenté, décochant ainsi une première flèche à son successeur pour des raisons qui n'ont jamais été publiquement énoncées.

M. Williams s'est contenté de dire qu'il voulait créer une distance entre l'administration Dunderdale et la sienne, sans plus de détails. La nouvelle chef a de son côté refusé d'aborder l'affaire. Elle a déclaré sans équivoque, au déclenchement de la campagne il y a trois semaines, qu'elle ne solliciterait pas l'aide de M. Williams au cours de ces élections.

Du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD), la chef Lorraine Michael a promis qu'en cas de victoire de son parti, elle redistribuerait la richesse générée par l'exploitation du pétrole dans la province. Le NPD espère également faire une percée à l'Assemblée législative, alors que son précédent record d'élus était de deux députés.

Les circonscriptions du Labrador et du centre de l'île de Terre-Neuve sont dans la mire des libéraux, qui espèrent y enregistrer des gains. Kevin Aylward a repris les rênes du Parti libéral cet été après le départ d'Yvonne Jones, qui a mis sa carrière politique entre parenthèses pour des raisons de santé.

Les libéraux se sont par ailleurs prononcés contre le projet du bas Churchill, un développement hydroélectrique évalué à 6,2 milliards $ et défendu par les conservateurs. Selon le Parti libéral, ce projet n'est ni nécessaire ni réaliste sur le plan économique.

Mme Dunderdale soutient que le développement du bas Churchill à Muskrat Falls représente l'option la moins coûteuse pour assurer les besoins énergétiques croissants de la province.

Elle a aussi rappelé, au cours de la campagne, que les conservateurs avaient abaissé la dette provinciale de 12 à 8,2 milliards $ -une baisse redevable aux lucratifs secteurs miniers et pétroliers.

M. Aylward, lui, a aussi profité de la campagne pour parcourir les régions rurales de la province, dont les résidants dépendent d'industries en difficultés, soit celles de la pêche et des forêts.