Les strictes limites de dépenses imposées en matière de publicités de tierces parties lors des campagnes électorales fédérales ne s'appliquent pas aux campagnes provinciales. Et la présente avalanche d'élections à l'échelle provinciale constitue une véritable partie de plaisir pour les groupes d'intérêt.

Les syndicats des secteurs public et privé, les ordres professionnels, les groupes de pression et les associations de gens d'affaires tirent profit de règles électorales laxistes sur le plan provincial dans l'espoir d'influencer les électeurs.

Alors que des élections sont prévues cet automne au Manitoba, à Terre-Neuve-et-Labrador, en Ontario et à l'Île du Prince-Édouard, des millions de dollars sont dépensés dans le cadre de campagnes publicitaires qui serviront certainement les intérêts de certains partis, même si elles ne sont pas approuvées de façon officielle par l'un ou l'autre d'entre eux.

Enseignants, industrie porcine, Samsung, etc.



La Fédération des enseignantes et des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario, par exemple, consacre environ 2 millions $ à une campagne de publicité qui semble viser les conservateurs provinciaux et favoriser les libéraux sur la question de l'éducation.

Working Families, une coalition d'au moins 13 syndicats des secteurs public et privé, a de son côté lancé une dure campagne multimédia contre Tim Hudak, le dirigeant du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario.

Les Producteurs de porcs du Manitoba ont entrepris une longue campagne de publicité à la grandeur de la province, à un coût n'ayant pas été divulgué, pointant du doigt de façon diplomatique la nouvelle réglementation sur la qualité de l'eau au lac Winnipeg mise en place par le gouvernement néo-démocrate.

Et Samsung, le géant sud-coréen des appareils électroniques, diffuse en Ontario une publicité télévisée vantant les mérites au chapitre de l'emploi et autres de son contrat d'énergie verte de 7 milliards $ passé avec le gouvernement ontarien, entente que souhaite annuler l'actuelle opposition conservatrice.

Harper avait contesté la loi au fédéral

Au niveau fédéral les sommes consacrées aux publicités de tierces parties ne peuvent dépasser 188 250$ à l'échelle nationale et seulement 3765$ par circonscription, ce qui limite sérieusement l'influence des groupes d'intérêt.

La loi fédérale, mise en application depuis 2000, a été contestée jusqu'en Cour suprême du Canada par un citoyen nommé Stephen Harper, qui se trouve à être l'actuel premier ministre fédéral. Le plus haut tribunal au pays a maintenu la constitutionnalité de la loi, qui ne s'applique cependant pas aux provinces.

Alan Middleton, professeur de marketing à l'école de commerce Schulich de l'Université York, en Ontario, affirme avoir constaté une augmentation des campagnes de tierces parties depuis une dizaine d'années.

Cet automne, on ne compte plus les publicités commanditées par les syndicats en Ontatio. Au Manitoba, le Winnipeg Free Press a compté pas moins de sept campagnes de tierces parties lors de la dernière décennie.