Paola Ortiz doit se rendre vendredi matin aux autorités qui la conduiront vers le Mexique, un pays qu'elle a fui en 2006. Lors d'une vigie de l'organisme Solidarité sans frontière, ses soutiens ont dit au revoir à la jeune femme.

«Pour la première fois, je sens que les gens m'aiment. Je veux remercier tous les gens qui sont ici», dit Paola Ortiz, bouleversée.

Paola Ortiz a préféré l'exode vers le Canada aux coups et sévices de son conjoint, officier de la police fédérale au Mexique. La jeune femme part en 2006. Sa demande d'asile est rejetée, tout comme sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires: le Canada estime que le Mexique peut lui apporter toute la protection dont elle aurait besoin. Une assertion vivement rejetée par son avocat, mais aussi la Fédération des femmes du Québec. Trois fois, des mesures d'expulsion sont prises contre elles. Trois fois, elles sont reportées par Paola Ortiz.

Malgré les aléas de son statut légal, Paola Ortiz a réussi à se bâtir une vie ici. Elle a eu 2 enfants, s'est mariée à un Québécois, a appris le français, s'est intégrée à sa société d'accueil. «C'est une femme d'un courage et d'une  détermination dont peu de gens sont capables», dit Suzanne Belo, de la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles venue soutenir son amie.

Paola Ortiz a d'ailleurs fait une demande résidence permanente, parrainée par son mari. Elle a obtenu l'aval de Québec et attend maintenant celui d'Ottawa. Des efforts anéantis par son renvoi.

Malgré l'indignation soulevée cette semaine par le récit de son histoire, Québec et Ottawa n'ont pas agi. «La ministre Weil a refusé d'appeler son homologue à Ottawa», s'est indigné l'ancien ministre péquiste de l'Immigration André Boulerice.

Paola laissera demain ses deux enfants, tous deux Canadiens, derrière elle pour aller se rendre aux autorités qui la conduiront à l'aéroport Pierre Eliott Trudeau. Malgré tout, Paola Ortiz a voulu, lors de la vigie, remercier le pays d'accueil qui la rejette.

«C'est vrai que je suis mexicaine, mais mon coeur est ici. Les personnes que j'aime sont ici sont Canadiennes et Québécoises. Le coeur des Canadiens est très grand».